« Il est souverain et fera son choix en toute liberté. S'il veut la réconciliation, grand bien nous fasse. Et s'il veut autre chose, il l'aura. Nous sommes au service du peuple et nous nous soumettrons à sa volonté. » C'est ce qu'a déclaré le président de la République lors d'un discours prononcé hier, à Dar El Imam, à Mohammadia (Alger), à l'ouverture de la 6e Semaine nationale du Coran. Evacuant l'expression « projet d'amnistie générale à soumettre à référendum », Bouteflika rappellera une position exprimée déjà le 7 avril dernier au Palais des nations à l'occasion de la conférence nationale des cadres de l'Etat. Cependant, cette fois-ci, il tient à avertir les Algériens sur le risque d'un avis défavorable de leur part. « Nous sommes convaincus qu'il ne saurait y avoir de développement ni de relance sans la sécurité, la stabilité et la paix. » Comme il ne peut y avoir de stabilité avec la persistance de différends, de facteurs de division, de confrontation et d'effritement », indiquera-t-il. Cela dit, il prendra le soin de mentionner que son espoir et son optimisme de réaliser cette réconciliation sont confortés par le fait que la propension à la paix et la prédisposition à la réconciliation sont des caractéristiques authentiques du peuple algérien. Pour cela, le chef de l'Etat préconise de « libérer notre histoire des facteurs qui ont conduit au conflit, à la division et à la fitna en mettant en exergue les éléments de concorde, de rapprochement et d'unité ». Cette orientation est présentée subtilement comme la seule voie viable qui pourrait, selon Bouteflika, aider à « tourner la page des larmes, de la destruction et de la mort pour ouvrir celle de la sécurité, de la concorde et de la vie dans la dignité et la quiétude ». Et pour mieux conforter son argumentaire, il ajoute que « si la réconciliation avec l'histoire n'est pas scellée, les générations futures continueront à en subir les conséquences et pourraient même perpétuer inconsciemment ces crises ». Là, Bouteflika interpelle le passé récent de l'Algérie en faisant observer : « Nous avons tous, d'une manière ou d'une autre, porté préjudice à l'Algérie en ce sens que même celui qui a tant fait pour elle, mais pouvait faire davantage, lui a nui aussi. » Mieux, il appelle à ce que « tout un chacun soit conscient de sa responsabilité et prenne la résolution de pallier sa négligence ». Pour le chef de l'Etat, il s'agit là d'« un serment d'honneur, un serment patriotique infaillible ni devant les fanatiques égarés ni sur décisions d'ignares aliénés ». Car, toujours selon lui, le premier résultat social de la reconsidération de soi est de rendre justice à qui de droit et qui est la base de la réconciliation en ce sens qu'elle implique la libération de l'esprit de toute emprise d'égoïsme qui conduit à l'exclusion, voire à l'annihilation de l'autre, dira-t-il. C'est pourquoi il estime que le peuple est appelé à « jouer un rôle précurseur dans la réconciliation ». D'ailleurs, il n'hésitera pas à établir que la situation particulière de l'Algérie doit permettre de « classer les priorités pour une assise civilisationnelle saine fondée sur la réconciliation avec soi aux plans religieux, historique, linguistique, politique, social et civilisationnel ». Une occasion pour créer une passerelle avec les constantes identitaires puisque le président de la République rappelle que « l'Islam est le fondement premier de l'identité civilisationnelle algérienne et le garant de la cohésion de ses dimensions arabe et amazighe ».