Durant deux jours, de nombreux cadres du monde agricole, d'éminents spécialistes algériens et trois experts français invités pour la circonstance ont tenté d'éclairer tous les aspects des maladies cryptogamiques, de fournir des éléments de réponses fondées sur des études sérieuses et d'envisager des parades en mesure de répondre clairement à toutes les interrogations des céréaliculteurs qui ont payé, faut-il le rappeler, un lourd tribut à ce fléau. Dans ce contexte, le docteur Abdelkader Benbelkacem, directeur de l'institut technique des grandes cultures d'El Khroub, a évoqué, entre autres aspects, la prévalence et l'impact de la rouille jaune à l'est du pays. « L'épidémie, qui a affecté la campagne agricole 2003/2004, a causé, tout le monde le sait, de très gros dégâts au blé tendre et surtout à la variété appelée HD 1220 qui est la plus utilisée par nos agriculteurs. Favorisée par des conditions climatiques favorables au développement du champignon, la progression de la maladie s'est faite d'Est en Ouest à partir de la Tunisie. A ce sujet, tous les champs inspectés sur l'axe Guelma/Constantine/Mila/Skikda ont nettement indiqué une incidence de 70 à 100% sur le rendement des cultures affectées. Sur cet aspect, on considère que la résistance génétique reste l'arme la plus efficace qu'on peut employer pour lutter contre la vulnérabilité des cultures face aux attaques de la maladie. « De ce point de vue, les essais réalisés à l'IGTC d'El Khroub commencent, il est vrai, à donner leurs fruits avec le développement de nouvelles variétés plus résistantes qui sont actuellement en cours d'inscription au catalogue national ». « Mais, en plus de cet aspect lié à la génétique, ajoute-t-il, la stratégie de lutte contre les rouilles repose également au plus haut degré sur la mise en place d'une lutte chimique organisée sur la base de produits performants sur des pratiques culturales et l'éradication des hôtes alternatifs. » L'intervention magistrale du Dr Rachid Sayoud, expert en phytopathologie auprès de l'OAIC, captera tout autant l'attention de l'assistance. Sur le thème de la surveillance et des moyens de lutte contre les maladies des céréales, ce dernier fera un état complet des lieux en rejetant au passage la thèse selon laquelle ces maladies refléteraient un phénomène relativement récent. La maladie de la rouille jaune, comme toutes les autres maladies des céréales, a de tous temps existé et causé des pertes de rendement importantes. Il faut rappeler, à ce sujet, que l'Algérie a été touchée par des épidémies de rouille jaune en 1973 et en 1987. De même que nous avions connu des attaques très importantes de la rouille brune et de la septoriose entre 1987 et 1998. Ces maladies ont occasionné de grosses pertes attribuées en ce temps-là à des facteurs autres que la maladie. Aujourd'hui, il est permis d'affirmer que, grâce à la surveillance, le suivi, les travaux de recherche et la mise en œuvre de programmes nationaux et internationaux, les structures compétentes pourraient être en mesure de communiquer des données fiables à même d'informer les céréaliculteurs sur les moyens de lutte disponibles et dont l'efficacité est prouvée pour peu que l'itinéraire technique soit respecté », dira-t-il. Mais, selon un représentant des céréaliculteurs, la prévention et la lutte contre les maladies cryptogamiques sont encore loin d'être des pratiques courantes. Un point de vue corroboré par le président de la Chambre nationale du commerce qui estime que cette action de prévention et de traitement n'est pas systématique et pour y remédier, dira-t-il, « il est essentiel que les scientifiques, experts des instituts techniques et les agriculteurs constituent à l'avenir les éléments indissociables d'une même chaîne afin que les uns communiquent leurs besoins et les autres organisent des campagnes d'explication et de démonstration concrètes sur le terrain ».