Les fêtes se suivent et se ressemblent. Elles s'égrènent selon des rituels scrupuleusement codifiés et fortifiés par le temps. Avec leurs joies fugaces, leurs réjouissances éphémères, elles agissent comme un baume. Les vieux démons s'apaisent, les ressentiments s'éloignent des cœurs et des esprits. Manifestations d'altruisme, de communion collective. Offrandes répétitives de vœux, de désirs que l'on espère voir s'exaucer. En ces brefs instants de bonheur partagé s'instaure une ineffable impression de quiétude, de sérénité. Mais il y a toujours des couacs qui viennent mettre le grain de sable, altérer l'atmosphère et contre lesquels on se sent forcé de récriminer. La rengaine est vieille, mais tellement éprouvée. L'air est connu de tous parce qu'il se vérifie constamment. On a beau battre le tambour, sensibiliser, critiquer, mais les choses ne bougent pas. Le contraire nous aurait même étonné, tant l'habitude est définitivement prise. Je veux faire allusion à tous ces magasins fermés, à tous ces commerces hermétiquement clos les jours de fête. L'activité économique réduite à presque rien. Tout le monde déserte, fuit et se dérobe à ses obligations. La ville tombe dans une apathie qui rend les gestes les plus anodins difficiles à faire. Incapacité de s'approvisionner normalement, de se déplacer tranquillement, de vaquer à quelque occupation. Les rues vides renvoient les échos d'une désertion quasi générale. Cette promptitude à mettre la clé sous le paillasson n'est pas nouvelle. Elle perdure, irrite et agace réellement. Le climat de black-out qui se répand partout telle une épidémie n'en finit plus de causer des torts et des préjudices. Fasse le Ciel qu'un jour ce spectre sera conjuré. Personne n'ira se plaindre. Nulle part. Et pour cause.`
