Quatre jours après la soirée d'inauguration de cette 8e édition, jeudi dernier, avec le concert événement de l'Orchestre national de Barbès, Constantine, la ville des Ponts suspendus, vit et vivra aux rythmes du jazz jusqu'au 21 mai prochain. Au deuxième soir donc de Dimajazz 2010, le maestro Philippe Catherine donnera le la en premier, à 19h30. Après sa prestation algéroise de jeudi dans le cadre du Festival culturel européen, le jazzman belge, accompagné de ses deux musiciens, a donné libre cours à son génie musical, offrant ainsi au public de l'antique Cirta un programme très fluide, très pur, aux sonorités jazzy très prononcées. Un pur bonheur pour les mélomanes. Après une pause d'une dizaine de minutes, même décor, mais une autre ambiance : Nguyên Lê Trio (Vietnam/France) envahit la scène. Aux premières notes, le public sut à quoi s'attendre. Un jazz fort, speed et surtout très rock. Très heureux de retrouver ce public qu'il qualifie de “meilleur au monde” — il le retrouve pour la troisième fois —, Nguyên Lê Trio s'en donne plus qu'à cœur joie. Une ambiance de “ouf” ! Samedi passé, rendez-vous pris avec deux artistes de talent : Fayçal Salhi Quintet (Algérie/France) et Fawzi Chekili (Tunisie). Si le premier est en train de s'affirmer de plus en plus sur la scène musicale jazz, prenant à chaque fois de l'ampleur et de l'assurance, le second, quant à lui, n'a plus à faire ses preuves. Doyen de la musique jazz dans son pays, il a une longue carrière à son actif. Appartenant à des générations différentes, il n'en demeure pas moins qu'ils ont un point commun, voire deux : le jazz et un instrument à cordes. Le luth pour Fayçal Salhi, la guitare pour Fawzi Chekili. Flirtant sur deux univers jazz assez distincts, malgré leur penchant pour la musique arabo-oriental, ils ont pu, chacun à sa manière, transporter l'assistance. Pour Fayçal Salhi, c'était un voyage dans le moi profond de l'être. Perturbante sans être dérangeante, la musique de Fayçal titille les sens et interpelle la sensibilité. Elle ne laisse pas indifférent. C'était aussi l'occasion pour l'artiste de présenter son dernier album Alwan. Accompagné de deux jeunes prodiges, Fawzi Chekili transformera cette deuxième partie de soirée en une sorte de machine à voyager dans le temps. Avec ses musiciens (Hamza Zeramdini et Nafaa Allam), il revisitera les plus grands standards jazz. Inès Belayouni apportera, avec sa belle voix, une touche sensuelle au programme présenté. Même si les soirées de Dimajazz se suivent, elles ne se ressemblent pas. Dimanche, c'est un jazz spécial qui sera présenté au Théâtre régional de Constantine. Magic Malik Orchestra étonnera avec sa flûte traversière. Un instrument rarissime dans ce milieu musical qui ne cesse d'évoluer et de s'ouvrir. Sobre, quasi spirituelle, la musique interprétée plongera l'assistance dans un silence non religieux, mais plutôt méditatif. Programmé en deuxième partie, Ba Cissoko, venu directement de Guinée, mettra le feu à la salle. Sur des sons de kora (instrument à cordes), la musique jouée en cette fin de soirée était 100% africaine, gorgée de chaleur et de soleil d'Afrique, même si elle n'avait pas une relation directe avec la thématique du festival. Elle n'avait rien de jazz, sauf peut-être quand les musiciens improvisaient. Cependant, ce n'était pas pour déplaire au public qui n'a pas arrêté de se trémousser. Un baume au cœur après une fin de semaine pluvieuse ! Ce soir à 19h30h, au Théâtre régional de Constantine, concert de Petrucciani/Blanc et d'Alain Caron. Demain à la même heure et au même endroit, concert de la formation algérienne Illusion et de l'artiste indien, L. Subramanianm. Prix du billet : 400 DA.