Les pouvoirs publics nous ont souvent accoutumés à insuffler à leurs faits et gestes une forte charge symbolique. Une portée exemplaire, vertueuse et généreuse. J'ignore d'où provient ce penchant presque instinctif et inné. Toujours est-il que le complexe Riadh El Feth n'échappa guère à ce rituel. On le para d'une haute ambition. Modèle de modernité urbaine, temple de l'Algérie qui gagne, vitrine d'une capitale en plein essor et tutti quanti. Avec en prime la caution de l'histoire. Les adversaires du projet ne se privèrent aucunement de reproches, de quolibets et autres critiques acerbes. Vénal et corrupteur, dépravé, cheval de Troie contre les bonnes mœurs, la morale. Tant de salive et d'encre, d'opprobre et d'invectives ou à l'inverse, que d'odes et de lauriers dédiés à cet édifice. L'excès, l'emphase sont partout. Adversaires ou partisans s'en donnaient à cœur joie, croisaient le fer, tentant de faire mouche à chaque coup. C'était le temps de la culpabilité tous azimuts. Il ne restait au citoyen qu'à observer, se gausser et admirer toute cette fureur. Aujourd'hui, dès lors que les esprits se sont apaisés, on mesure le « burlesque » de toute cette agitation. Ce complexe, vêtu des plus belles parures de la vertu ou chargé des plus nocives intentions, n'est ni un ange ni un démon. On ressent même de la mansuétude à son égard, assujette aux lois du marché, sommé de voler de ses propres ailes. Ni phénix superbe ni soldat de l'ombre, sournois et perfide. Une banale structure qui doit trimer pour exister. Il reste tout de même une petite. Qu'est-ce qui pousse un complexe imposant à végéter, à manquer de tonus pour rayonner ? S'impose alors, en filigrane, ce sempiternel manque de souffle qui vous fait rentrer dans le rang, en dépit des frais occasionnés. Bien malin celui qui parviendra à donner réponse. Je l'avoue. Pour l'instant, le complexe reste confiné dans les limites d'un épiphénomène ou d'une greffe. En attendant mieux.