Le collectif des clients victimes de l'affaire Khalifa rompt le silence. En pleine campagne, il relance la revendication des victimes ayant perdu leurs avoirs après la liquidation de la banque Khalifa. « Les milliers de victimes d'un escroc agréé par l'Etat ne savent plus à quel saint se vouer », souligne avec amertume Omar Abed, porte-parole du collectif, dans un communiqué de presse. Il affirme dans ce contexte que le président Bouteflika, qui est en pleine conquête d'un 3e mandat, n'a pas tenu sa promesse de « rendre leurs biens aux citoyens spoliés malgré deux mandats passés à tête de l'Etat ». Qu'attend-il ? Un autre mandat ? Le collectif rappelle le contexte dans lequel les victimes ont été escroquées, insistant sur le fait que la banque a été dûment agréée par l'Etat. Cela, aux yeux des victimes, engage de fait la responsabilité des pouvoirs publics, surtout que la banque a été plutôt liquidée. Autrement dit, la banque a été fermée suite à l'éclatement du scandale qui a fait le tour de la planète financière et non pas en raison de difficultés ou d'un krach financier. Dans le communiqué destiné aux six candidats à la présidentielle et particulièrement au candidat Bouteflika, le collectif passe en revue les différentes étapes suivies dans le traitement de cette affaire, dont la tenue d'un procès dans lequel le principal responsable, à savoir le patron de la banque en exil à Londres Abdelmoumen Khalifa, a été condamné à la perpétuité. Le collectif regrette ainsi l'absence à ce procès dit historique des plus importants accusés qui auraient pu, par leur présence, révéler le fond de cette grande escroquerie. « Le manque d'empressement des autorités algériennes à introduire auprès de leurs homologues britanniques une demande d'extradition de l'escroc agréé montre à l'évidence que beaucoup de responsables en charge de hautes fonctions de l'Etat craignent le grand déballage », écrit Omar Abed. Sans s'étaler sur les dessous de l'affaire, M. Abed revient à la question de l'indemnisation qui demeure posée avec acuité. Pour se défendre, le collectif évoque les récentes décisions du chef de l'Etat concernant les dettes des agriculteurs, la revalorisation du salaire national minimum garanti et de la bourse d'études. « Effacer les dettes des agriculteurs, augmenter le montant de la bourse des étudiants, cela peut paraître positif à condition que ça ne relève pas d'une démarche purement électoraliste », précise d'emblée le collectif, qui en revanche estime que « rendre justice à des Algériens spoliés par un escroc bien introduit et tenir par là même ses promesses d'homme d'Etat semble indispensable au maintien de la confiance avec le peuple ». Des milliers d'Algériens ayant placé leurs économies dans la banque Khalifa avaient tout perdu sans que l'Etat ne vienne à leur secours. Les promesses d'indemnisation n'ont pas été tenues et les victimes continuent inlassablement de réclamer leur argent…