Au chapitre des dérives de l'environnement, on peut évoquer le cas édifiant des dangers que charrient les décharges incontrôlées de Mila, Chelghoum Laïd, Grarem Gouga et bien d'autres localités encore, domiciliées de surcroît à quelques encablures de ces grandes agglomérations, avec tout ce que cette imprévoyance comporte comme risques sur la santé des populations. Réalisés sans aucune étude d'impact, les trois sites reçoivent chacun, d'après les estimations des services concernés, 30 à 40 t de déchets solides/j et ont pour curieuse particularité d'être en combustion, chaque jour, déversant à en mourir et au gré des vents soufflants, d'épais écrans de fumée, vecteurs de maladies et de complications respiratoires. La sonnette d'alarme a été tirée à maintes reprises par d'éminents spécialistes qui se rejoignent sur le constat effarant que plus de 80% des patients examinés souffrent d'affections pulmonaires et d'asthme qui est une maladie multifactorielle, à cause bien entendu du climat «malsain». Ainsi, la terrifiante problématique de la pollution exacerbée à l'excès par l'incinération inconsidérée des ordures ménagères et des déchets industriels, dont semblent s'accommoder jusqu'ici les pouvoirs publics, est banalisée à l'extrême. Des centaines, voire des milliers de diagnostics médicaux établis, martèlent les hommes de science, ont prouvé que les sources de pollution ou, les «polluants incriminés», tels le NO2, le SO2 (dioxyde), le monoxyde d'azote (NO), l'acide sulfurique, le chlorure et les poussières sédimentables, proviennent essentiellement des émanations toxiques que dégagent les décharges sauvages fumantes et en décomposition. Constat épouvantable, affirment ces mêmes spécialistes, dès lors qu'une très forte pollution développe, en plus de l'asthme, les broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO). Dépotoirs et odeurs nauséabondes : Un vrai péril L'amoncellement tous azimuts des immondices en milieu urbain constitue un véritable casse-tête pour les responsables communaux de l'hygiène qui, en dépit de la multiplication des rotations de ramassage et le renforcement des équipes de manutention, n'arrivent pas à infléchir le phénomène de la prolifération anarchique des dépôts d'ordures. Les moyens de récupération (bennes, dévidoirs et collecteurs) mis en place sont, selon les griefs des citadins, souvent en inadéquation avec le volume impressionnant des déchets domestiques. Quand bien même le non-respect par ces mêmes citoyens des horaires de passage des engins de déblaiement de la commune, conjugué certes à un trop-plein d'incivisme, est avancé par les autorités en charge de la salubrité publique comme étant un facteur aggravant de l'atteinte à l'environnement. Le hic est que la fâcheuse tendance d'entreposage des rebuts ménagers au bas des immeubles et dans les cages d'escalier fait tache d'huile, à la faveur du dérèglement des règles civiques et de la dégringolade des valeurs sociales, sans que les pouvoirs publics puissent prendre la mesure de cette mascarade urbaine. Quoique le dilemme de la dégradation alarmante du cadre de vie citoyen sous l'effet des émanations pestilentielles porteuses de MTH, des eaux usées inondant les caves des bâtiments, ou encore du foisonnement des décharges sauvages qui fleurissent un peu partout, est omniprésent dans plusieurs localités de la wilaya, force est de constater que les pics de pollution sont enregistrés à Chelghoum Laïd. L'argument tient la route dans la mesure où la ville est située dans un périmètre à haute nocivité au vu du développement des industries chimiques dans la région. Les marchés de gros de fruits et légumes de Chelghoum Laïd, le marché hebdomadaire de Tadjenanet, ainsi que les souks informels improvisés sur la place publique, sont à l'origine de la production massive de détritus : avaries agricoles, reliquats de poisson et de volaille, sacherie et emballages en tous genres, sont souvent abandonnés à l'air libre ou brûlés, au mieux acheminés vers les lits des oueds environnants ou jetés dans les alentours immédiats de la cité. Les miasmes et les odeurs pestilentielles que dégagent les montagnes d'ordures qui poussent comme des champignons aux abords de certaines institutions pédagogiques, pour ne citer que l'exemple du lycée Mohamed Seddik Benyahia, l'école primaire Abdellah Bacha, tout comme le long de l'enceinte de l'ex-Somaco et le stade du 11 Décembre, se passent de commentaires et interpellent tous les intervenants que le péril est bel et bien dans la demeure.