Le nombre sans cesse croissant des bidonvilles à Souk Ahras donne l'impression, à en juger de l'assurance affichée par leurs habitants, qu'aucune instance ou institution n'est en mesure d'endiguer le fléau dans un chef-lieu qui en pâtit depuis plusieurs décennies. Les récentes tentatives de démolition et les quelques dizaines de mises en demeure, adressées aux indus occupants des terrains vagues des cités de Aïn Grima, Ghellouci et autres, n'ont pu produire les effets escomptés face à une longue expérience acquise au fil des années par des demandeurs « récidivistes » de logements sociaux qui, encore une fois, mettent à profit les préalables de la campagne électorale pour sévir et, pis encore, doubler leur nombre. Tous les ingrédients du « fait accompli » sont déjà réunis, et les responsables refusent de s'y aventurer sous peine de frôler l'émeute. Passée la campagne, c'est le relogement garanti et c'est une nouvelle vague de potentiels émeutiers qui s'y installent. Au milieu de ces centaines de postulants, initiés au jeu du chat et de la souris, d'authentiques victimes d'une paupérisation rampante et des lésés du système des quotas attendent patiemment la passage de la commission d'enquête et prient, en silence, pour que leurs dossiers, qui croupissent encore dans les sous-sols de l'APC, soient mis à l'étude. Timides et peu introduits, ces laissés-pour-compte sont l'alibi d'un marché juteux de l'immobilier. Les 400 nouvelles baraques, apparues comme par enchantement depuis seulement dix mois, sont les résultats de la banqueroute de la politique du logement, certes, mais elles sont aussi perçues, à l'échelle locale, sous d'autres angles. Pourquoi attendre qu'une baraque se transforme en bidonville pour commencer, des mois après, à crier à hue et à dia ? Qui est derrière les tenants du « cause à l'autre » ? Et qui se charge de l'établissement et du suivi des listes des futurs attributaires (authentiques) entrant dans le cadre de l'éradication des bidonvilles à Souk Ahras.