Alors que l'engouement de la population s'émousse à mesure que la campagne avance, les ministres encore activité ou ceux en réserve de la République sont de plus en plus nombreux et de plus en plus pressants. Alors que les membres du Hamas et du RND se font plutôt discrets, ce sont les affidés du FLN qui font le forcing sur un électorat de plus en plus indécis. Alors qu'habituellement, Mostaganem n'était destinataire que de très hauts responsables, il semble que la donne ait fortement évolué. En effet, après la venue du SG du FLN, on aura eu droit à l'arrivée du ministre de la Formation professionnelle, El Hadi Khaldi, qui se payera le luxe d'une seconde tournée totalement inédite et parfaitement inattendue. Puis ce sera au tour de Boudjemaâ Haîchour et Zahia Benarous, l'ex-ministre de la Culture dont plus personne ne se souvenait. Alors que l'ancien ministre des Télécoms s'en est allé animer un meeting à Aïn Tédelès, son ex-collègue rendra visite aux femmes d'une Zaouïa, dont le porte-parole déclarait à El Watan ne pas engager sa confrérie dans l'activisme politique – pour des raisons historiques que les initiés peuvent aisément comprendre et soutenir –, répondant ainsi à la visite à la Zaouïa Bouzidia de El Hadi Khaldi, qui avait arraché sans peine le soutien des zaouïas d'Algérie à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Puis vint le tour du très discret ministre de l'Agriculture, Rachid Benaïssa, qui, depuis la rencontre de Biskra, lors de laquelle le président de la République avait annoncé l'effacement d'une enveloppe de 41 milliards de DA correspondant à la dette contractée par des fellahs et assimilés, faisait le dos rond. Profitant du concours équestre du Dahra, il croisera longuement le verbe avec des fellahs en tenue d'apparat. Alors que l'on s'attendait à un répit mérité, la semaine qui s'achève aura vu le passage remarqué d'un quartette composée de Harraoubia, Ghoul, Benbouzid et Louh. Ensemble, ils feront de la proximité au niveau de la place des 3 ponts, là où Ould Abbès avait fait faux bond, laissant sur le carreau pas moins de 300 commerçants et une kyrielle d'apparatchiks désarçonnés par l'entourloupette du ministre de la Solidarité. Côté opposition, il y eut le mémorable meeting de Louisa Hanoune à la maison de la culture où elle parla face à un public juvénile ramené par bus entiers depuis les campagnes voisines. Même les mères allaitantes seront de la partie ! Le très émotif Djahid Younsi cédera la place toute chaude à Moussa Touati qui soulignera avec fierté que son public était authentique et que personne n'avait été payé pour venir remplir la salle Hamada. Manière de jeter l'opprobre sur les autres concurrents et leurs porte-voix. Il est vrai que lorsque l'on compte le public, à peine 1 200 personnes, ayant accueilli Belkhadem, on ne peut que se demander où sont passés les 50.000 citoyens en âge de voter qui ont appelé Bouteflika à rempiler pour un 3ème mandat ! Du côté de la somptueuse permanence du favori, on prie pour que cette divagation cesse le jour du scrutin. Car ici, personne n'oublie que lors des joutes pour les législatives, ce sont à peine 55 000 électeurs qui auront accompli leur devoir civique. C'est certainement cette crainte de l'abstention, qui grossit de jour en jour, qui mobilise autant d'hommes politiques, dont le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui optera pour une visite de travail, tandis que Abderrazak Bouhara fera dans la proximité. Inspectant les infrastructures sportives, Hachemi Djiar, ministre de la Jeunesse et des Sports, se laissera également tenter par un appel à peine voilé à la mobilisation des associations sportives, il est vrai très grosses dévoreuses de subventions. Le Premier ministre Ahmed Ouyhia aura également été sollicité afin d'animer une rencontre à Sidi Ali, dans les contreforts du Dahra, là où en 2004, Karim Younès, alors président de l'APN, avait de justesse échappé à un lynchage. Il reste une grande inconnue, la visite du président de la République et candidat à sa propre succession.