Bien que le ministre de l'Habitat ait promis l'année dernière que les prix seraient affichés sur les sacs de ciment, une année après on constate que c'était une promesse vaine. Ce n'est pas le ministre, Noureddine Moussa, qui pourra contrôler le marché du ciment. Cela le dépasse. Cette affirmation émane des entrepreneurs qui se disent contraints d'acquérir le sac de ciment de 50 kg à 600 DA et le mètre cube de sable de mer à 1800 DA. Pour eux, le secteur de la construction en Algérie est en pleine crise. A titre d'exemple, dans la wilaya de Annaba, forte de plus de 750 000 habitants, les différents projets de construction, tous types confondus, connaissent d'importants retards. Lancés en plusieurs étapes, ils traînent pour la plupart quand ils ne sont pas bloqués. C'est aux spéculateurs seulement que la pénurie persistante du ciment profite. Les raisons sont aussi diverses que complexes. Cette situation n'est pas une première en Algérie. Elle a toujours existé, même après que Buzzi-Unicem, l'un des leaders mondiaux de production du ciment eut pris la gestion totale de plusieurs cimenteries dont celle de Hadjar Essoud, principale pourvoyeuse de la région Est. Quotidiennement, nombreux sont les entrepreneurs publics et privés, dont les Chinois de l'entreprise CSCEC, à se bousculer devant le portail de la cimenterie Hadjar Essoud de Azzaba (Skikda) pour un hypothétique bon de chargement de ciment au moment où, sur le marché noir, ce matériau est largement disponible à 600 DA. Sur place, on nous affirme que le tapis de la cimenterie est en panne et connaît des travaux de maintenance. Ce qui n'est pas le cas lorsqu'il s'agit des spéculateurs qui, eux, sont paradoxalement servis à volonté. Contrainte des délais oblige sous peine de pénalités et, pour certains, risque de résiliation des contrats, des promoteurs privés ont dû se plier à la loi des spéculateurs en payant plus que le prix réel les matériaux nécessaires à la réalisation de leurs projets respectifs. Ce qui n'est pas le cas des entreprises publiques qui ne peuvent en aucun cas justifier le surplus exigé par les spéculateurs. C'est dire que malgré les disponibilités des enveloppes financières, des études totalement achevées et le lancement des travaux, la concrétisation d'un projet de construction de logements relève d'une gageure. La rareté du ciment sur le marché régional au prix de vente officiel, la spéculation sévissant sur les autres matériaux de construction dont le sable, la bureaucratie appliquée dans le paiement des situations ont découragé plus d'un promoteur. Conséquence : de nombreux projets de logements sociaux participatifs, sociaux locatifs, ruraux, FNPOS sont à la traîne. Des milliers de travailleurs sont mis au chômage technique, des dizaines de promoteurs en faillite et des entreprises publiques du bâtiment sont confrontées à des difficultés de réalisation insurmontables. Ainsi, le secteur du logement, selon les professionnels, est au bord de l'explosion dans la majorité des wilayas dont Annaba classée au bas du tableau des régions ayant respecté le planning de réalisations.