Une juste récompense pour un homme qui est toujours resté à l'écart des projecteurs médiatiques et des cérémonies officielles. « C'est une surprise pour moi. Cela fait longtemps qu'on me propose de me rendre un hommage, mais j'ai toujours refusé », a-t-il dit par téléphone à El Watan. Il a ajouté : « C'est pour moi une reconnaissance pour ce que j'ai apporté à la culture algérienne, en général, et berbère, en particulier. Je suis naturellement heureux de retrouver mes artistes qui sont d'abord mes amis et de les voir interpréter mes propres chansons. » Paris De notre bureau De nombreux chanteurs de renom se succéderont sur scène. Parmi eux, Aït Menguelet, venu spécialement d'Algérie pour participer à l'événement, et d'autres artistes connus comme Ferhat, Takfarinas, Akli Yahiatène, Taleb Rabah, Malika Domrane… Même Nora, l'épouse de Kamal Hammadi, et Chérif Kheddam, tous deux malades, seront symboliquement présents sur scène. « Je suis vraiment content de cet hommage. Il me donne des ailes et me motive pour continuer encore à produire des chansons, à écrire des pièces de théâtre et à créer », reconnaît Kamal Hammadi qui va aussi interpréter quelques-unes de ses compositions. Né à Darna, un petit village niché au pied de la montagne du Djurdjura, dans la commune d'Iboudrarène, Kamal Hammadi a été promu par le président de la République française, Nicolas Sarkozy, chevalier de la Légion d'honneur pour l'ensemble de son œuvre artistique. Tour à tour chanteur, compositeur, poète, auteur de pièces de théâtre, l'enfant de la Kabylie a touché à tout. Avec succès. Il a ouvert la voie de la musique à des centaines de chanteurs qui ont pris la relève. A Alger, où il s'est installé dans les années 1960, il a participé au développement de la chaîne kabyle Radio II en compagnie, notamment, de Mohamed Hilmi, Cheikh Noureddine et bien d'autres artistes aujourd'hui jetés aux oubliettes. Kamal Hammadi, avec peut-être cheikh El Hasnaoui, est l'artiste qui a traversé toutes les générations. Prolixe, vivant avec son époque, il a toujours su se renouveler et être le témoin de son temps. Virtuose de la musique, il a dirigé de nombreux orchestres avec toujours le souci de faire un travail propre. Discret et timide, l'hommage que lui rendront demain ses pairs n'est qu'une reconnaissance de l'immense talent de cet homme abreuvé par la culture et la musique. Des milliers d'immigrés, témoins des années de Kamal Hammadi, vont se ruer demain soir à la grande salle de spectacles parisienne Le Zénith. L'endroit choisi le met à l'abri de toutes les récupérations politiciennes émanant du pouvoir en place ou des partis politiques, notamment en cette période électorale. De toute façon, Kamal Hammadi a, depuis longtemps, choisi son camp : celui de l'Algérie authentique et de la musique qui berce les cœurs...