Le metteur en scène Ahmed Rezzag, qui a concu et présenté son spectacle Le lac des anges à la cérémonie de clôture de la 15e édition du FMJE a animé, mercredi après-midi, une conférence de presse à l'hôtel Hilton en l'absence de M.Ben Torki, directeur de l'ONCI, l'office culturel ayant pris en charge cette cérémonie... Ce dernier, en effet, a brillé par son absence. Lassé de l'attendre, il a été ainsi décidé d'entamer la conférence sans lui. Et c'est à Ahmed Rezzag de débuter son «discours». Ce fut d'abord un court rappel de son parcours à travers lequel on apprit que le metteur en scène, ayant fait ses études à l'Ecole nationale d'art dramatique, a à son actif plus d'une quinzaine de pièces dont Mebrouka, Djamila avec Dalila Hlilou, Serdj avec Alaoua Boudjadi, Ezaïm, Melhamet El Djazaïr, Bac litima, Africa show, plus des spectacles pour enfants... puis d'annoncer le motif de sa conférence. «J'ai tenu à l'animer pour rendre hommage à tous les artistes algériens qui ont pris part au spectacle, parmi eux, les cinq troupes folkloriques, dont le ballet de l'ONCI, le ballet Eden de Bel-Abbès, le ballet Bouna de Annaba, N'gaoues de Batna, de Béjaïa... à tous les jeunes danseurs qui, pendant presque un mois, ont répété 16 heures par jour, au comédien Himour, à Mohamed Boulifa le compositeur musical...» A la question de savoir combien lui a coûté le spectacle, Le lac des anges, le metteur en scène adoptera cette réponse plus au moins galvaudée mais néanmoins franche: «Je crois que quel que soit le spectacle qu'on fait, cela n'a pas de prix!» et d'ajouter: «L'aspect financier, c'est l'ONCI qui s'en est chargé...» Cependant, celui qui devait répondre à cette question n'arrivait toujours pas. Après avoir achevé de parler de l'aspect artistique du spectacle dont le thème est «l'histoire de l'humanité» (du Tassili jusqu'à nos jours), c'est l'aspect technique qui sera débattu en long et en large. M.Rezzag ne manquera pas, à ce propos, de relever lui-même les moult défaillances qui ont gravement perturbé et entaché le déroulement de son spectacle. Il nous confie: «On a été contraints d'éliminer quelques tableaux (ceux relatifs aux civilisations du monde) parce qu'on a eu d'immenses problèmes techniques ce jour-là». Puis avec force détails, il nous explique: «Des câbles ont été débranchés, il y eut des actes de vandalisme, tout un tour de sono a sauté parce que des touches ont été enlevées, le vidéo-projecteur a sauté. Le public a envahi la scène et même les coulisses, les artistes n'ont pas cessé de tourner pendant deux heures on leur a refusé l'accès la scène. Le travail était pénible, et il s'est fait dans des conditions très difficiles». Et arrivé à un point où, vidant carrément son «sac», M.Rezzag dira: «J'ai eu envie de tout arrêter. Je ne vous cache pas, j'étais à bout de nerf! On a été perturbé (...) Les jeunes ont formé eux-mêmes des cordons de sécurité dans la kheïma pour permettre aux autres de se changer, notamment. En dépit de tous ces inconvénients auxquels on devait faire face, je me devais de présenter le spectacle, peut-être pas à 100% mais à 80% au moins. Il fallait pour se faire sacrifier une partie du spectacle», souligne-t-il, quelque peu résigné. Peut-on dire dans ce cas que votre spectacle fut un échec? lui a-t-on demandé. «Je ne le qualifierai pas de négatif, répondra M.Rezzag parce que les jeunes qui se sont jetés dans l'eau, par exemple, l'ont fait d'une manière spontanée (...) non pas dans le but de saboter le spectacle, et d'ajouter tout confiant dans toutes les capitales du monde, on trouve ce genre d'incidents...» A notre question de savoir à qui M.Rezzag impute cette mauvaise organisation qui a émaillé la cérémonie de clôture de la 15e édition du FMJE et préférant rester neutre et aussi un peu confus, il dira que ce ne sont pas les institutions culturelles qui ont failli à leur mission, pas même les artistes. «Je ne peux accuser personne. Si la police avait pris des mesures répressives cela aurait été mauvais, tout comme si elle avait laissé les gens libres de faire ce qu'ils voulaient... On a été mis devant le fait accompli!». Et en dépit de tout cela, êtes-vous quand même satisfait par votre spectacle? «En tant qu'artiste, je n'étais pas satisfait», répond-il tout de go. A propos des efforts qui ont été fournis, ont-ils été mis en valeur? A cette question M.Rezzag aura cette réponse claire et sans équivoque, cette fois-ci: «Par rapport à la caméra, seulement, oui, Sur place non, car il y eut beaucoup de défaillances techniques. Sur le plan artistique cependant, ce qui a été fait dans la salle a été reproduit sur scène.» Au sujet de la nature de l'accueil réservé à son spectacle, le metteur en scène toujours optimiste, le jugera positif car, estime-t-il, quand les danseurs sont montés sur scène, il y eut un grand silence, preuve d'une totale adhésion du public. A une question relative aux similitudes de son spectacle avec la fresque La source de Safy Boutella, Ahmed Rezzag assurera que cela n'est que pure coïncidence. Nos projets ont été remis séparément. Leurs thèmes sont totalement différents, dans le Lac des anges, la scène est sur l'eau mais le thème n'est pas l'eau, c'est l'histoire de l'humanité... «Une deuxième présentation du Lac des anges est prévue, nous a-t-il informé, dans une salle cette fois-ci, pour que le public puisse l'apprécier du début à la fin.» Ne voulant pas être alarmiste pour autant, le metteur en scène conclura la conférence en disant que ce n'était pas si fiasco que ça!