Le sommet du G20 s'ouvre aujourd'hui à Londres sur une interrogation : les chefs d'Etat et de gouvernement qui y prennent part trouveront-ils des terrains d'entente pour sortir de la crise économique et financière mondiale ? C'est un enjeu capital, car dans un contexte aussi dramatique, il paraît essentiel que les dirigeants de pays les plus riches – mais aussi les plus menacés – parlent d'une même voix. C'est à ce prix que la stabilité et le retour de la croissance pourront s'amorcer. C'est ce qu'il faut comprendre de l'appel de Barack Obama à la constitution d'un front uni contre la crise. Mais le président américain souligne aussi que les Etats-Unis ne pourraient conduire seuls le retour attendu à la croissance économique. En d'autres termes, aucun pays ne pourra faire cavalier seul dans un contexte aussi dur de récession. Le sommet du G20 aura donc à prendre des mesures salvatrices et pertinentes pour juguler la crise mondiale et ses effets sur les pays les plus riches, mais aussi sur ceux les plus nombreux qui sont en attente d'aides de la part des institutions financières mondiales. Il s'agit certes, pour le sommet du G20, de trouver une issue à la crise du capitalisme, mais de prendre aussi en compte le sort des pays les moins avancés. Il s'agit de mettre en œuvre une stratégie autrement plus globale que celle qui consisterait uniquement à introduire plus de régulation financière au seul bénéfice des pays nantis. A cet égard, la lutte contre les paradis fiscaux, la rémunération des banquiers ne se suffiraient pas à elles-mêmes si elles ne devaient servir qu'à des opérations de renflouement qui oublieraient le devoir de solidarité envers les pays les plus pauvres de la planète qui n'ont pas de responsabilité directe dans la crise mondiale. Il ne fait pas de doute que dans ce sommet du G20 de Londres, les pays émergents pèseront de leur poids dans les décisions prises qui ne pourront plus être du seul ressort des dirigeants qui composaient, précédemment, le G8. Il serait inconcevable que les intérêts d'un certain nombre de pays soient occultés en dépit de leur formidable potentiel en ressources. Il sera donc forcément attendu des pays émergents, à l'image du Brésil, de l'Inde, ou de la Chine, qu'ils impriment au sommet du G20 de Londres une dimension équitable. Dans des moments aussi difficiles pour l'économie mondiale, ce n'est pas le devenir du seul Occident qui est sur la table des négociations. C'est l'humanité tout entière qui est exposée à un effondrement total qui entraînerait aussi ceux qui entendraient sortir leur épingle du jeu. Pour paraphraser une allégorie algérienne, ceux qui ont noué les liens de la crise économique avec leurs propres mains auront à les délier avec leurs dents. Et par les temps qui courent, même dans un sommet du G20, c'est loin d'être une mince affaire.