A quelques mois de l'élection présidentielle d'avril prochain, c'est le flou le plus total, le manque de visibilité politique et c'est le moins que l'on puisse dire, hormis quelques candidatures individuelles déclarées et que certains jugent a priori sans grande incidence sur l'échiquier national. En effet, on se perd en conjectures et les supputations les plus absurdes se disputent la primauté dans le débat politique, aux thèses ou options les plus plausibles pour une sortie de crise du pays, crise qui prévaut depuis la maladie du président de la République. Dans cette cacophonie où certaines voix «autorisées», ou supposée comme telles évoquent l'éventualité d'un 5e mandat pour Abdelaziz Bouteflika, option privilégiée, jusqu'à son éviction, du désormais ex-secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, connu pour son zèle à se prévaloir d'une proximité d'avec le premier cercle présidentiel, jusqu'à ceux qui affirment de manière péremptoire, du haut de leurs responsabilités ou de leur statut «d'opposant», qu'il n'en est pas question, en passant par ceux qui, plus prudents sans doute, préfèrent parler de continuité du programme présidentiel dans un souci probable de ne pas vouloir insulter l'avenir. On ne sait jamais. Bref aussi bien les acteurs politiques – partis et personnalités – que la majeure partie intéressée des citoyens, tous en sont réduits à guetter le moindre signe, le moindre indice qui émanerait des cercles décisionnels, civils et militaires, et susceptible de nous éclairer sur l'après-avril 2019. Un «après» déterminant pour au moins les cinq prochaines années, et ce, dans une conjoncture économique et sociale qui s'annonce difficile, voire insupportable pour la grande majorité des Algériens. L'absence physique du chef de l'Etat de la scène politique accentue ce vide «sidéral» qui s'est imposé depuis et tout au long de la maladie de Abdelaziz Bouteflika, jusqu'à ce dernier message lu en son nom lors de la réunion gouvernement-walis. Dans ce message présidentiel où toutes les lectures sont possibles, les protagonistes sont renvoyés dos à dos, sans pour autant que l'horizon politique ne s'éclaircisse davantage, et ceci sur un fond de mise en garde, de durcissement à l'égard de tous ceux qui pourraient être séduits par le recours au «dégagisme» qui semble dans l'air du temps. En résumé, les plus pragmatiques diront que pour l'instant toutes les options sont sur la table. La situation actuelle vécue par les Algériens renvoie à cette image d'une station spatiale à la dérive dans l'univers sidéral, immortalisée dans un film de Stanley Kubrik, tourné il y a 50 ans et dans lequel tous les occupants se retrouvent à un moment à la merci d'une force immatérielle, incarnée par un super ordinateur qui a fini par prendre le contrôle des événements et des hommes. Il faudra l'audace de l'un d'entre eux, qui pense à déconnecter la machine infernale, pour que les choses reviennent enfin à la normale.