Alors que la campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril prochain amorce sa dernière ligne droite, les partisans du boycott investissent la rue en Kabylie. Le FFS entreprend, ces jours-ci, action sur action afin de convaincre les citoyens à tourner le dos aux urnes, histoire de maintenir sa campagne pour l'abstention de ce scrutin. Jeudi, la formation de Hocine Aït Ahmed a organisé une démonstration de force dans la ville de Tizi Ouzou. Le meeting qu'a animé Karim Tabbou devant le siège de la section locale de son parti dans la capitale du Djurdjura a drainé des milliers de personnes. Il était à peine 9h quand les premières grappes de militants et sympathisants du FFS commençaient à affluer vers le lieu du meeting. Quelques minutes plus tard, même les artères mitoyennes ont été envahies par les partisans du boycott auxquels se sont joints des passants, notamment après l'arrivée du premier secrétaire du vieux parti de l'opposition. Ce dernier était, dans son discours, très virulent à l'égard du président candidat et ses « alliés » en Kabylie. Pour Karim Tabbou, « Bouteflika est complice de tout ce qui s'est passé en Kabylie en 2001 » car, a-t-il martelé, « il était président quand Guermah Massinissa a été tué dans la brigade de la gendarmerie à Beni Douala. Son ministre de l'Intérieur a traité ce jeune de voyou », a-t-il laissé entendre devant une foule qui répliquait tantôt « pouvoir assassin » tantôt « ulach lvot ulach ». Au yeux du numéro deux du FFS, Bouteflika exerce « un chantage économique et social » sur la région, afin de faire voter la Kabylie. « Il ont fait aussi le chantage aux fonctionnaire, aux chômeurs, aux prisonniers et même aux malades mentaux. D'ailleurs, une instruction a été envoyée à tous les hôpitaux psychiatriques d'établir la liste des patients afin de voter à leur place, le 9 avril. Nous assisterons encore une fois à une pièce de théâtre », a-t-il fait remarquer avant de révéler que « le pouvoir offre 70 millions à celui qui accepte de placarder un portrait géant de Bouteflika sur le mur de sa maison ». Evoquant la décision de l'effacement des dettes des agriculteurs, l'orateur a estimé que cette mesure ne concerne que « les agricultures de Hydra, ceux qui ont décidé de financer la campagne du président ». Le premier secrétaire national du FFS s'est attaqué également aux « relais locaux » du pouvoir, mettant particulièrement à l'index le directeur de campagne de Bouteflika à Tizi Ouzou. « Ils sont en train d'acheter des voix avec l'argent du peuple », a-t-il ajouté. « Le FFS n'a rien à se reprocher. Il n'est ni mouillé dans les scandales ni dans l'affaire Khalifa pour opter pour le silence devant cette mascarade électorale », a-t-il souligné. Les autres candidats au scrutin de jeudi prochain sont dans le collimateur de Tabbou qui les qualifie de « lièvres ». « Le pouvoir a choisi des candidats qui ne se retirent jamais. Ils ont essayé de hausser le ton car ils n'ont pas reçu l'argent. C'est une simple mise en scène. Aussi, au lieu d'amener les travailleurs à voter pour lui, Bouteflika a recruté carrément le Parti des travailleurs », a-t-il estimé. A la fin du meeting, les militants du FFS ont improvisé une imposante marche suivant l'itinéraire emprunté par Bouteflika lors de sa venue à Tizi Ouzou. Avec à leur tête Karim Tabbou, les marcheurs scandaient à gorge déployée des slogans hostiles au pouvoir. La foule s'est dispersée dans le calme et sans le moindre incident, à 13h.