Des milliers de cartons rouges, brandis par autant de manifestants, ont été jeudi dernier agités en direction du portrait géant de Bouteflika ornant sa direction de campagne à Béjaïa. Béjaïa De notre bureau La marche improvisée en fin de journée à l'appel du premier secrétaire du FFS, à l'issue d'un meeting animé dans l'après-midi devant le siège de la section locale du parti, a arpenté la rue de la Liberté, principale artère de la ville, aux cris de « ulach el vote ulach » (pas de vote), « pouvoir assassin » et autres âpres slogans. Des membres de la direction du parti, le président de l'APW de Béjaïa, ainsi que nombre de militants que l'on disait en rupture de ban avec le sigle, ouvraient la manifestation à laquelle se sont joints des élus et des syndicalistes. Sur le parcours, et malgré un service d'ordre qui s'est démené pour éviter les débordements, des manifestants s'en prendront à la devanture d'une autre permanence électorale du même candidat, mais ceux-ci n'auront que le temps d'arracher quelques fanions et de déchirer quelques affiches, avant d'être dissuadés par les organisateurs. Les policiers, pour leur part, se sont contentés plus loin de détourner la circulation et d'ouvrir la voie à la marche non autorisée. Une heure auparavant, Karim Tabbou avait galvanisé les présents au meeting, également non autorisé, par un discours offensif et truffé de pointes ironiques à l'adresse du pouvoir. Il a ainsi affirmé détenir les résultas de l'élection présidentielle du 9 avril bien avant sa tenue. Le premier secrétaire du FFS a « révélé » que le candidat Abdelaziz Bouteflika remportera l'élection avec un taux de participation de 73%. Les élections sont jouées d'avance, réitère-t-il encore et « le taux de participation que donnera le pouvoir à l'occasion équivaudra au pourcentage de la méfiance et de la peur qu'il a à l'égard des Algériens ! » L'orateur contestera également les chiffres officiels concernant la consistance du corps électoral et le nouveau dispositif supposant la double inscription des étudiants et des agents de l'Etat en mission spéciale. Une « astuce », accusera-t-il, qui pourrait permettre de faire voter par deux fois ces catégories d'électeurs.