C'est une sortie des plus inattendues, perçue comme une véritable démonstration de force, qu'a effectuée le FFS, jeudi dernier, dans la ville de Tizi Ouzou et de Béjaïa où plusieurs milliers de personnes, plus de 5 000, selon certaines sources, et 3 000, selon d'autres, ont pris part, jeudi dernier à un rassemblement qui s'est transformé en une marche populaire. Alors que tout le monde s'attendait plutôt à une dispersion dans le calme à la fin du meeting animé par le porte-parole du plus vieux parti d'opposition, Karim Tabou, devant le siège communal du parti, sis au centre-ville, la foule chauffée à blanc, a improvisé une marche vers le siège de la wilaya en empruntant sous le regard discret de la police, la rue Houari-Boumediene, cette même rue tout au long de laquelle le Président-candidat à sa propre succession, Abdelaziz Bouteflika, s'est offert, hier, un bain de foule. Au fur et à mesure que la foule avançait des dizaines de personnes la rejoignait faisant ainsi l'effet boule de neige. Arrivée devant la maison de la culture Mouloud-Mammeri où se tenait un meeting du patron de l'UGTA, Madjid Sidi-Saïd, la tension a monté d'un cran. Ce qui a contraint les occupants de la grande salle à quitter les lieux. Scandant des slogans antivote tels que “ulac l'vot ulac”, “pouvoir assassin”, “nâaya di l'vot pour rien” et exhibant le carton rouge, devenu cher au FFS, la foule a repris sa marche vers le siège de la wilaya qu'elle finira par contourner pour prendre la direction du centre-ville puis investir la cour de la maison de la culture Mouloud-Mammeri où le premier secrétaire du FFS, Karim Tabou, qui était à la tête de la marche, a pris la parole une seconde fois alors que la foule scandait des slogans contre le directeur de campagne de Bouteflika et néanmoins directeur de cette institution culturelle, Ould Ali El-Hadj, qu'elle invitait à quitter les lieux. Avant que la marche ne s'ébranle du siège communal du FFS, Karim Tabou a animé un meeting au cours duquel il a tenu, pour reprendre ses termes, à remettre les pendules à l'heure au sujet du scrutin du 9 avril, de la visite de Bouteflika à Tizi Ouzou, et de la position du boycott actif du parti d'Aït Ahmed. “On a entendu trop de mensonges avant et durant cette campagne électorale”, a-t-il déclaré d'emblée à l'assistance que la place faisant face au siège du FFS ne pouvait contenir. “Boufeflika avait déclaré qu'il s'est réconcilié avec la Kabylie et qu'il est chez lui à Tizi Ouzou, mais pourquoi donc mobiliser 15 000 entre policiers et militaires quand on est réconcilié avec son peuple et quand on est chez soi”, a-t-il ajouté avant de revenir sur la déclaration du même candidat, Bouteflika, au sujet des évènements de Kabylie. Karim Tabou a également dénoncé “le chantage économique qu'exerce le pouvoir sur la Kabylie” et aussi l'utilisation de l'argent du peuple “pour acheter des voix et payer les afficheurs du portrait de Bouteflika”. Par ailleurs, à Béjaïa le premier secrétaire national du FFS. K. Tabbou, lors d'un meeting qu'il a animé, jeudi, devant le siège de la section communale de son parti de Béjaïa et en présence d'une forte assistance, a salué l'attachement de cette région “à l'honneur et la dignité” et que son parti n'attend pas l'autorisation “du commissaire Zerhouni” pour ses activités publiques. “Notre autorisation c'est la population et vous venez de libérer les Algériens de leur peur”, calme-t-il sous un tonnerre d'applaudissements de son assistance. L'orateur, qui se dit que son parti a refusé que “les pages de l'histoire s'écrivent dans le mensonge”, dénonce la manipulation du fichier électoral. “Ils ont créé un fichier temporaire composé de faux noms”, soutient-il. Il s'agit, précise-t-il, de fichiers électoraux des étudiants, de malades mentaux et des services de sécurité. “Nous savons d'ores et déjà qu'ils annonceront un taux de participation de 70%. Mais à vrai dire, c'est l'échelle à laquelle le pouvoir a peur de la population”, avance-t-il et en donnant le classement des candidats à l'issue du scrutin. “Ce ne sont que des comités de soutien”, ironise-t-il. Abordant, le déplacement du Président-candidat en Kabylie, K. Tabbou s'interroge comment quelqu'un se déclare être chez soi et mobilise tant de policiers. “Que chacun de nous assume ses responsabilités”, s'élève-t-il, Tabbou qui souligne néanmoins que cette élection a eu le mérite de faire une décantation entre “ceux qui aiment le pays et ceux qui le détestent”. L. OUBIRA SAMIR LESLOUS