Le stand de l'ANEP au Salon international du livre d'Alger (SILA) a abrité lundi dernier une rencontre en hommage à l'écrivain, poète et journaliste Tahar Djaout, assassiné par «les chasseurs de lumière» le 26 mai 1993. D'anciens amis ou confrères de l'auteur de L'exproprié ainsi que des responsables de maisons d'éditions et de librairies ont pris part à ce rendez-vous pour évoquer Tahar Djaout le journaliste, l'homme et l'intellectuel. Dans son intervention laconique, la journaliste italienne Giuliana Sgrena qui a connu le fils d'Oulkhou dans les années 1980 a relevé les qualités humaines et intellectuelles d'un écrivain qu'elle apprécie beaucoup. «Il est communicatif et positif malgré la situation difficile que traverse l'Algérie. Sensible, il nous donne de l'espoir»,a-t-elle déclaré. Directeur de l'hebdomadaire Algérie-Actualité de 1978-1981 puis de 1991-1992, Benamadi Zouaoui voit en Djaout «une lumière» et une «conscience tranquille». Il fait partie de ces hommes de «convictions». Face aux questions brûlantes auxquelles est confrontée l'Algérie, à l'exemple de la question identitaire, il agit avec «pondération» avec ce souci de «la cohésion sociale et nationale». Tahar quitte Algérie-Actualité aux débuts de la décennie 1990 pour fonder avec un groupe de ses confrères l'hebdomadaire Rupture. Avec cette nouvelle expérience, il est «devenu incisif dans ses écrits». Sachant qu'il «a gagné en maturité politique» l'auteur Des Vigiles est «entier, ouvert à l'universalité». Ahmed Allam voit en lui «un homme droit et un intellectuel qui refuse les manipulations politiques et ne se laisse pas embrigader par aucune chapelle.» Pour Ali Bahmane, la disparition de Djaout constitue une «grosse perte pour notre pays». Néanmoins, il demeure «un repère pour les nouvelles générations». Aujourd'hui, ses œuvres «sont piratées et mutilées» et l'Etat algérien «ne fait rien» pour empêcher ce genre de pratiques. Omar Berbiche estime que «nous ne devons pas nous limiter à des hommages» quand il s'agit d'évoquer Djaout. Il faut «perpétuer son œuvre». Hocine Mzali parle de l'«ami qui avait le mot juste» et une écriture de «ciseleur». Eclectique dans l'amitié, il constitue un «modèle de sagesse et de perspicacité sur le plan politique». Gérant de la librairie du Tiers-Monde, Ali Bey relève que des maisons d'édition continuent à «rééditer les livres de Djaout sans pour autant octroyer un sou à sa famille. Ses livres sont aussi piratés». Président du Syndicat national des éditeurs de livres (SNEL) et président de l'Union des éditeurs maghrébins, Mohamed Tahar Guerfi «invite les éditeurs à republier les livres de Djaout et non à les pirater.» La fausse note relevée dans cette rencontre est l'absence d'universitaires. Leur présence est nécessaire pour visiter l'œuvre littéraire de Tahar Djaout. Une manière de contribuer à sa vulgarisation.