Le président américain Barack Obama achève aujourd'hui sa première tournée à l'étranger marquée par deux sommets, et même trois, et une visite qui se voulait hautement symbolique puisqu'il s'agit de la Turquie, un pays musulman appelé visiblement à jouer un plus grand rôle dans la région. C'est depuis ce pays qu'il a délivré un message qui se veut particulier, puisqu'il constitue un engagement que l'on attend de lui depuis le mois de janvier dernier, et pour taire ce qui pourrait laisser croire à une équivoque. En ce qui concerne le premier point, il dira devant le Parlement turc que le processus d'Annapolis et la feuille de route constituent la voie d'une paix au Proche-Orient. Les propos du Président américain interviennent après que le nouveau chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman, eut affirmé la semaine dernière que son pays n'était pas lié par le processus d'Annapolis qui a relancé les négociations avec les Palestiniens. « Laissez-moi être clair : Les Etats-Unis soutiennent fermement l'objectif de deux Etats, Israël et la Palestine, cohabitant dans la paix et la sécurité », a déclaré M. Obama en Turquie, dernière étape de sa tournée en Europe. Il a ajouté que cela était l'objectif commun des Palestiniens, des Israéliens et des gens de bonne volonté dans le monde. « C'est l'objectif que les parties concernées ont convenu d'atteindre dans la feuille de route et à Annapolis. Et c'est l'objectif que je poursuivrai activement en tant que Président », a-t-il ajouté. Autre point qu'il a tenu à préciser, « les Etats-Unis ne sont pas et ne seront jamais en guerre contre l'Islam », a-t-il affirmé. « Nous voulons montrer par des actions concrètes notre engagement pour un monde meilleur », a-t-il dit, tout en annonçant un programme pour venir en aide aux pays musulmans. « Nous voulons aider plus d'enfants, vers une éducation qui leur ouvre la voie de la réussite. (...) Dans les mois qui viennent, je présenterai un programme spécifique en vue d'atteindre ces objectifs. Nous allons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire en partenariat avec le monde musulman. » Barack Obama, rappelle-t-on, avait commencé cette tournée il y a exactement huit jours à Londres pour le sommet du G20, avec une attention toute particulière avec des retransmissions en direct de ses moindres faits et gestes. Et bien entendu, lui en a profité pour développer au moins sa stratégie de communication. Cela se répétera deux jours plus tard en France au sommet de l'OTAN, puis à Prague avec un autre « We can » au sujet, cette fois-ci, d'un monde sans armes nucléaires. En fait, des déclarations d'intention qui demandent à être explicitées. En ce qui concerne sa dernière étape, il a d'une certaine façon poussé l'Europe à dévoiler ses intentions vis-à-vis de la Turquie, disant que ce pays a une place au sein de l'Union européenne. Réponse immédiate de la France et de l'Allemagne : pas question. « Bravo Obama ! », se félicitait ainsi le journal à grand tirage Sabah, saluant le geste d'Obama. Le Président a entamé son programme à Ankara par une visite au mausolée du fondateur de la Turquie, Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938), qui a donné naissance en 1923 à une République laïque sur les cendres de l'empire ottoman. Après un discours au Parlement, M. Obama est attendu à Istanbul, où il rencontrera aujourd'hui les chefs religieux, puis un groupe d'étudiants, et visitera deux mosquées. « Le Président va réaffirmer son sentiment que la Turquie est un allié déterminant, et constitue une partie importante de l'Europe. Il a voulu se rendre en Turquie parce qu'il pense qu'il faut relancer les relations entre nos deux pays, distendues ces dernières années », a déclaré dimanche à la presse un responsable américain faisant partie de la délégation d'Obama. Les relations entre les deux alliés de l'Otan s'étaient tendues en 2003, après l'intervention militaire américaine en Irak, à laquelle les Turcs se sont opposés en refusant d'ouvrir leurs frontières aux troupes américaines pour une invasion par le nord. Les choses se sont améliorées depuis, les Etats-Unis fournissant des renseignements à l'armée turque pour déloger les séparatistes kurdes repliés dans le nord de l'Irak. Selon le même responsable, M. Obama souhaite discuter des défis régionaux communs tels « la menace terroriste, la guerre en Afghanistan, les relations avec l'Iran et l'objectif partagé d'une paix durable entre Israël et ses voisins ». La Turquie est une alliée d'Israël, et partage des frontières avec l'Irak et l'Iran. Et c'est ce qui confère de l'importance à cette visite. Trop de choses se prépareraient ou même se feraient dans son prolongement, mais quoi exactement ? Les intentions de Barack Obama suscitent un très grand intérêt. Qu'en découlera-t-il ?