La ferme pilote Ghanem Saïd de Bordj Menaïel traverse une période très difficile. Depuis 1998, date de son rattachement à l'Office national de commercialisation des produits viti-vinicoles (Oncv), aucun plan visant son redressement n'a été mis en place par la tutelle, malgré les appels incessants des travailleurs et l'alerte donnée quant à sa faillite. Aujourd'hui, sa situation risque de se compliquer si rien n'est fait pour la maintenir en activité. Le départ volontaire de la quasi-totalité des travailleurs, l'été dernier, après le mouvement de grève illimité qu'ils avaient enclenché début 2008 pour réclamer leurs salaires l'a plongée dans une situation de non-retour. « Au moins 35 des 44 travailleurs permanents de la ferme ont claqué la porte après avoir perçu leurs arriérés de salaires, suite à l'accumulation des problèmes », nous dira un travailleur qui maintient le cap avec six autres de ses collègues. « Ils nous ont appris que la ferme sera gérée et affiliée au ministère de l'Agriculture après les élections présidentielles, et on attend toujours », nous confie-t-il avant de soulever le manque de matériel agricole et les dépassements dont fait l'objet le patrimoine foncier de la ferme. Celle-ci est composée de 702, 65 ha de terres cultivables, dont 142 ha de vigne, 60 ha d'agrumes et 460 ha de terres non exploitées. « Néanmoins 200 ha de ses terres font l'objet de dépassements et d'exploitations illicites », précise notre source en soulignant que « plusieurs plaintes ont été déposées par les responsables de la ferme contre ces squatteurs mais, en vain ». S'agissant des moyens, notre interlocuteur explique : « Le parc matériel de la ferme est réduit à néant et n'a pas été renouvelé depuis les actes de sabotage et l'incendie qu'elle a subis en 1995. » Des 34 tracteurs, dont elle disposait en 1994, il ne lui reste seulement que deux tracteurs pneumatiques de 65 CV. L'équipement aratoire est, quant à lui, complètement réformé et celui du traitement se limite à un atomiseur très vétuste. De même pour celui du traitement, qui n'assure jamais de couverture sanitaire ou préventive généralisée et qui n'est utilisé que pour des actions localisées. Tout cela s'est répercuté sur le bon fonctionnement de la ferme et a empêché, nous dit-on, d'augmenter la production et de réaliser les objectifs tracés. Pis, ce déficit en matériel a provoqué une perturbation dans la planification des travaux et a entraîné des chevauchements dans les opérations culturales qui ont conduit à des baisses de production. Aujourd'hui, « les travailleurs se trouvent toujours dans l'incapacité de lancer les travaux agricoles et ce malgré les plans de redressement qui ont été établis par nos agronomes ». L'origine de cette situation, les paysans l'incombent à « la mauvaise gestion de l'Oncv ». « Les gérants qui se sont succédé à la tête de la ferme ont tous été téléguidés par les responsables de l'Oncv et ce sont eux les vrais responsables de cette situation. Ils nous ont souvent imposé des choses qui ne sont, ni dans l'intérêt des travailleurs, ni dans celui de la ferme », a-t-on dénoncé en substance.