De nombreux petits épargnants de l'ex-Al Khalifa Bank ont été surpris de constater que le délai de versement de la somme de 50 000 DA et de 3% du dû promis par le liquidateur n'a pas été respecté. Ils craignent même que l'engagement pris publiquement par ce dernier soit compromis, eu égard à l'absence de communication entre eux et la liquidation. « Chaque fois que nous appelons au téléphone pour nous enquérir de la date du remboursement, les agents nous disent qu'ils ne sont pas encore prêts. Les versements pour les clients ayant des dépôts à terme et des bons de caisse ont été limités au mois de mars seulement, avec un ultimatum pour le 31, tel que précisé dans le communiqué publié par la presse nationale. » Or, aucun des créanciers n'a reçu son argent et à chaque fois que nous nous déplaçons au siège de la liquidation ou que nous les appelons par téléphone, ils nous disent qu'il faut attendre. Le liquidateur a pris l'engagement de nous payer, alors qu'il assume », nous a déclaré un créancier. Pour lui, tout comme pour ceux qui l'accompagnaient à la rédaction, la publication de ce communiqué par le liquidateur d'Al Khalifa Bank constituait une « lueur d'espoir » même si le montant remboursé « reste minime » par rapport aux sommes perdues dans les dédales de la liquidation. En fait, dans le communiqué, il est indiqué qu'en plus des 600 000 DA, somme garantie par la Banque d'Algérie aux créanciers, le liquidateur s'est engagé à leur verser 500 000 DA et un pourcentage de 3% du montant en litige, dans un délai compris entre les 1er et 31 mars 2009, pour les dépôts et terme, les 1er avril et 31 mai, pour les bons de caisse, 1er au 30 juin, pour les détenteurs de chèques de banque certifiés, du 1er au 31 juillet pour les détenteurs de livret d'épargne, et à compter du 1er septembre, pour les détenteurs des comptes courants. Or, il s'avère que l'engagement tarde à être mis à exécution, ce qui a suscité la crainte des créanciers. Contacté, le liquidateur, Moncef Badsi, a reconnu le retard enregistré dans la mise en application des mesures décidées au profit des petits épargnants. « Il est vrai que la procédure de remboursement accuse un peu de retard. Mais il est important de savoir que la commission bancaire est actuellement en train de statuer sur une alternative qui ne soit pas à l'encontre de la primauté sur le principe d'égalité entre créanciers… », a déclaré M. Badsi. Ce dernier a réitéré son engagement à respecter l'application des mesures prises et expliqué que le retard accusé sera pris en compte dans l'opération de remboursement. « Même si les délais sont dépassés, nous prendrons en charge les épargnants », nous a-t-il précisé. Selon lui, tout est fin prêt pour engager l'opération, en notant que sur les 10 000 petits épargnants, un millier sont déjà inscrits sur la liste des bénéficiaires en attendant de la compléter au fur et à mesure. « Dans le compte spécial de la liquidation, nous avons une somme de 6,5 milliards de dinars destinée justement au remboursement des créanciers. Nous n'attendons que la décision de la commission bancaire pour statuer sur la procédure à engager et qui doit être en conformité avec le principe de l'égalité entre les créanciers », a-t-il noté. Une réponse quelque peu étonnante. En effet, lorsque la banque privée était sous administration (entre novembre 2002 et mai 2003), une somme de 30 milliards de dinars a été dépensée dans des opérations de remboursement des créanciers, en majorité de hauts cadres de l'Etat, mais également des banques publiques détentrices de dépôts à terme auprès de la banque Khalifa et certains organismes étatiques. Une opération qui a vidé les caisses de la banque privée et laissé ses petits épargnants dans le désarroi le plus total. D'ailleurs, ils se sont regroupés en une association et se sont constitués partie civile lors du procès dit de la caisse principale de Khalifa, et qui s'est tenu durant les mois de janvier, février et mars 2007, au tribunal criminel de Blida. Comment se fait-il qu'à cette époque le principe de l'égalité entre les déposants n'ait pas été respecté par l'administrateur ? Aujourd'hui, plus que jamais, les Etats du monde entier ont injecté des sommes colossales dans leur système financier, juste pour éviter la ruine des petits créanciers et, à travers eux, le secteur banquier avec la crise des subprimes.