Louisa Hanoune, candidate du Parti des travailleurs à la présidentielle, a excellé hier dans la critique de « la presse privée ». Au cours d'une conférence de presse tenue au Centre international de presse (CIP), la candidate à la magistrature suprême a ouvertement accusé les journaux privés de partialité et de manque d'éthique. Visiblement irritée par la couverture médiatique de sa campagne qu'elle considère comme « la plus forte et la plus propre », Mme Hanoune a exprimé avec virulence son mécontentement et sa déception. Sans citer de titres, elle trouve « anormal » que certains journaux n'aient soufflé mot sur ses meetings dans plusieurs wilayas dont celui qu'elle a tenu au dernier jour de la campagne à Tizi Ouzou. Si elle « tire » sur la presse écrite privée, Mme Hanoune a en revanche rendu un hommage particulier aux gens de la télévision et de la radio qui ont fait montre, selon elle, d'un « professionnalisme sans égal ». Dressant le bilan de sa campagne, la candidate du PT dit n'avoir constaté aucun dépassement susceptible d'entacher le bon déroulement de l'élection. Toutefois, elle dénonce les « agissements » de certains cadres militants et même des ministres du FLN, membre de l'Alliance présidentielle composée également du RND de Ahmed Ouyahia et du MSP de Bouguerra Soltani, soutenant le président candidat Bouteflika. Ces « agissements », Mme Hanoune les qualifie de « pratiques qui sèment la décomposition ». « Un parti ne devient plus fort que lorsqu'il ‘‘pique'' des députés et des élus sur le terrain de la corruption », tonne-t-elle. Aussi, Mme Hanoune n'a pas été tendre avec la commission nationale de la surveillance de l'élection présidentielle (CNSEP), qui n'est, à ses yeux, « d'aucune utilité ». « Il aurait été plus judicieux si l'argent affecté à cette commission soit utilisé pour assurer de meilleures conditions de travail aux journalistes et les policiers mobilisés pour la campagne », lâche-t-elle avec ironie. Questionnée sur le sujet phare de la campagne, à savoir la question de l'amnistie générale, Mme Hanoune estime qu'il faudrait d'abord « libérer » le dossier de la charte pour la paix et la réconciliation nationale de « ses contradictions ». Pour elle, il faut ouvrir les dossiers de la crise qui sont toujours en suspens. « Nous n'avons pas pris en charge toutes les victimes de cette tragédie nationale », souligne-t-elle, soulevant l'urgence de prendre en charge le dossier des disparus. Mme Hanoune évoque aussi la nécessité de parler de « responsabilité » des uns et des autres dans cette crise. En d'autres termes, elle estime qu'il faudrait d'abord clarifier un certain nombre de choses avant d'aller vers une amnistie. Tout en parlant d'« un engouement exceptionnel » des citoyens durant sa campagne, Mme Hanoune refuse de livrer un quelconque pronostic sur le taux de participation au scrutin présidentiel qui aura lieu aujourd'hui. « Je ne peux pas donner un taux de participation. Je suis une responsable politique sérieuse », précise-t-elle. Dénonçant le clientélisme et l'instrumentalisation des organisations de masse au profit du président candidat, Mme Hanoune indique n'avoir « jamais dit qu'il n'y aura pas de fraude ». Malgré tout ce qui se dit sur le sort de cette élection déjà connue, la candidate du PT conserve toujours l'espoir de « pouvoir créer la surprise ». Mais de quelle nature ? Pour elle, quel que soit le résultat de cette élection et quel qu'en sera le vainqueur, elle restera une « expérience fabuleuse » et historique pour le pays. Mme Hanoune affirme avoir participé à cette élection en tant que candidate à part entière, rejetant fermement le sobriquet de « lièvre ». Elle considère que son « score » sera bien meilleur que celui donné dans un sondage publié par un quotidien national (9,7%).