S'il est vrai que l'Algérie n'a été que légèrement secouée par la crise économique internationale, le bateau n'est pas pour autant à l'abri d'une tempête eu égard aux fondements pour le moins fragiles de l'économie algérienne, car celle-ci ne tient qu'à un seul fil : le prix des hydrocarbures sur les marchés internationaux. Dans une note diffusée fin février 2009, le Fond monétaire international (FMI) a sérieusement mis en garde l'Algérie : « La forte chute des prix pétroliers et les importations considérables liées au Programme d'investissement public et aux investissements de Sonatrach transformeraient l'excédent extérieur courant de 20% du PIB en 2008 en un déficit de 3% en 2009. » Le risque majeur est celui de voir les prix du pétrole s'installer dans les paliers inférieurs, ce qui entraînerait une fragilisation inévitable des positions extérieure et budgétaire, obligerait à ralentir les investissements et freinerait la croissance. L'institution de Bretton-Woods ne s'est pas arrêtée à ce stade. Le FMI a averti surtout qu'« une diminution importante des recettes pétrolières pourrait affecter à terme la croissance par le biais d'un ralentissement du programme d'investissements publics. » C'est-à-dire que la marge de manœuvre de l'Exécutif dans la future budgétisation des grands projets en cours (autoroutes, tramway, logement, transfert des eaux souterraines du Sahara) et d'autres en prévision, reste très dépendante de l'évolution des cours du pétrole. Les recettes issues de la fiscalité pétrolière devraient rétrécir si les prix de l'or noir ne remontent pas au moins à 70 dollars. L'ancien grand argentier du pays, Abdellatif Benachenhou, est allé jusqu'à suggérer, dans l'une de ses sorties médiatiques, le report de certains programmes d'équipement des principaux acteurs économiques publics, tels que Sonatrach et Sonelgaz. Pour ainsi dire, l'affectation du budget devra se jouer à l'avenir sur une véritable calculette. Dernière mauvaise nouvelle : « Dans un scénario où les prix pétroliers se maintiendraient à 40 dollars le baril jusqu'à 2013, la politique actuelle ne pourrait pas être poursuivie très longtemps, car le déficit budgétaire global entraînerait un épuisement des réserves du Fonds de régulation des recettes d'ici 2011. » C'est l'ultime mise en garde publiée fin mars dans un rapport du FMI sur la situation économique et sociale de l'Algérie. Une faiblesse durable des prix du pétrole se traduirait donc par un fort amenuisement de l'épargne accumulée, par une baisse corrélative des réserves de change et, par conséquence, par le ralentissement de croissance et l'investissement public. Une chose est sûre, les responsables en charge des dossiers économiques n'ont plus le droit de continuer à nourrir l'optimisme démesuré.