Dans l'attente du vice-président américain, la conférence a ouvert un dossier considéré comme très sensible en Occident. Le grand rendez-vous mondial annuel sur la sécurité, qui doit être marqué aujourd'hui par le premier discours important de politique étrangère de la nouvelle administration américaine, a commencé hier en Allemagne par un débat sur les armes nucléaires. Sur ce dossier comme sur d'autres (Afghanistan, Moyen-Orient et sécurité énergétique) abordés d'ici à demain par les quelque 300 participants à la 45e conférence de Munich, les échanges devraient montrer d'emblée le caractère crucial des relations du trio Etats-Unis-Russie-Iran. Les deux maîtres de cérémonie, l'ancien secrétaire d'Etat américain Henry Kissinger, partisan d'un désarmement nucléaire intégral, et le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier, devraient rappeler que le nouveau président américain Barack Obama semble prêt à négocier avec les Russes une réduction massive du nombre d'ogives, alors que le traité START 1 vient à échéance à la fin 2009. Le geste a été apprécié à Moscou, car il a levé une hypothèque, la précédente administration de George W. Bush s'étant montrée nettement plus réservée. Mais la bonne volonté désormais affichée par Washington ne signifie pas pour autant que les futures négociations seront faciles sur une réduction encore plus importante que celle déjà prévue (de 10.000 à 5000/6000 ogives pour les deux pays d'ici à 2012) des arsenaux nucléaires hérités de la Guerre froide. Le débat promet d'être animé aussi parce qu'il mettra en présence le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), Mohamed El Baradei et l'ancien négociateur iranien sur le nucléaire, Ali Larijani, aujourd'hui président du Parlement d'un pays toujours soupçonné de mener dans ce domaine un programme militaire. Pas plus tard que mercredi, à Wiesbaden (ouest de l'Allemagne), les six puissances en charge de la question nucléaire iranienne (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité plus l'Allemagne) se sont concertées sur l'attitude à avoir vis-à-vis de Téhéran. Malgré les sanctions internationales qui le visent, l'Iran persiste à refuser de répondre aux questions de l'Aiea sur les zones d'ombre de son programme atomique et d'interrompre l'enrichissement d'uranium. Elle vient en outre de lancer son premier satellite, signe que ses capacités balistiques s'améliorent. Les participants à la réunion de Wiesbaden ont «accueilli favorablement la volonté de l'administration américaine d'engager des discussions avec l'Iran, telle que l'a exprimée le président Obama». Pour autant Washington et ses alliés européens n'entendent pas baisser la garde. La discussion avec l'Iran a pour toile de fond le traité de non-prolifération (TNP), dont Téhéran affirme qu'il n'est pas respecté par les grandes puissances, faute d'engagement résolu sur la voie du désarmement nucléaire. Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner, le sénateur John Kerry, président de la commission des affaires étrangères du Sénat américain, et Mayankote K. Naranayan, conseiller à la sécurité nationale de l'Inde, autre puissance atomique militaire montante, devraient apporter leurs propres arguments au débat. Celui-ci aura servi de hors-d'oeuvre au plat de résistance que doit être aujourd'hui l'intervention très attendue du vice-président des Etats-Unis Joseph Biden sur les affaires internationales, en présence du président français Nicolas Sarkozy, de la chancelière allemande Angela Merkel et du Premier vice-Premier ministre russe Sergueï Ivanov.