Paris : De notre bureau Aucune information n'a également filtré sur une éventuelle reprise de dialogue entre Alger et Paris pour la signature du fameux traité d'amitié resté en suspens. En revanche, un minisommet sur le Darfour a eu lieu jeudi entre le Soudanais Omar El Béchir, le Tchadien Idris Deby et le Centrafricain François Bozizé. Les trois présidents ont convenu de «respecter les souverainetés de chaque pays et ne pas soutenir les mouvements armés, en conformité avec l'accord de Tripoli». Ils se sont aussi engagés à mettre en place des instances de concertation entre eux et à soutenir les efforts déployés par l'ONU et l'Union africaine dans leur tentative de mettre fin au conflit. Hier, en clôturant le sommet Françafrique avec le président malien Amadou Toumani Touré, Jacques Chirac a indiqué que «les relations entre la France et l'Afrique sont essentielles». Il a souhaité que les candidats à la présidentielle aient «conscience de l'importance capitale que l'Afrique a pour le monde». La veille, se posant une nouvelle fois en avocat de l'Afrique, il avait demandé à la communauté internationale, notamment à l'UE, en présence de la chancelière Angela Merkel qui était à Cannes, d'aider une «Afrique nouvelle en marche». Il a aussi fustigé les subventions «inacceptables et inhumaines» des pays riches à leurs producteurs de coton qui asphyxient les paysans africains. Jeudi, à l'ouverture, le président français a voulu profiter de son dernier sommet international pour dire «adieu» à ses amis africains et à l'Afrique qu'il aime et respecte tant. «Vous le savez, j'aime l'Afrique, ses territoires, ses peuples, ses cultures. Je mesure ses besoins, je comprends ses aspirations. Je sais qu'elle porte en elle un dynamisme exceptionnel. J'ai confiance dans son avenir car j'ai la conviction que l'Afrique nouvelle est en marche», a-t-il dit. Estimant qu'il n'y aura pas de mondialisation réussie sans une Afrique forte et confiante, le président français a fait remarquer que «la démocratie s'installe petit à petit sur le continent et que l'engagement des organisations africaines et internationales porte ses fruits». Il a cité pour cela l'exemple du Liberia, du Sierra Leone dans la région des Grands lacs, de l'Ethiopie et l'Erythrée ainsi que le conflit du sud du Soudan. M. Chirac a également évoqué le Nepad qui, selon lui, organise, mobilise et dresse les priorités. Soucieux de «pérenniser les liens particuliers entre la France et l'Afrique», M. Chirac a multiplié depuis 1995 les voyages en Afrique et reçu tous les dirigeants africains à l'Elysée. Sur le plan international, il a plaidé pour le renforcement de la coopération entre le Nord et le Sud, non sans stigmatiser les multinationales occidentales qui pompent sans vergogne les richesses du continent noir. Plus que cela, il a réussi à mettre l'Afrique au cœur des agendas internationaux et du G8 et la sortir de son isolement. Toutefois, le soleil radieux de la Croisette ne pouvait pas faire l'impasse sur certains dossiers politiques restés en suspens entre la France et l'Afrique. D'abord celui du traité d'amitié franco-algérien, tombé en désuétude depuis le vote puis l'abrogation d'une loi évoquant le rôle positif du colonialisme en Algérie. L'affaire Borrel, ce magistrat français tué à Djibouti en 1994 que la justice française s'apprête à convoquer comme témoin, puis le génocide rwandais qui continue d'empoisonner les relations entre l'Afrique et la France. Accusée par des associations de défense des droits de l'homme et citée dans certains rapports parlementaires et internationaux, la France refuse toujours de reconnaître ses responsabilités. Mais l'engagement de Chirac en faveur de l'Afrique n'est pas du goût de tout le monde. Hier, Ségolène Royal, candidate de gauche à l'élection française, avait soutenu que «Jacques Chirac privilégiait les amitiés personnelles au détriment de l'intérêt général». Elle l'a accusé «d'avoir terni l'image de la France à l'étranger». Vrai ou faux, seule l'histoire pourra le dire un jour…