L 'asphyxie au monoxyde de carbone fait de plus en plus de victimes en Algérie. Les chiffres fournis par les services de la Protection civile ne laissent place à aucun doute : ce phénomène touche l'ensemble du territoire national et toutes les franges de la population. Premier élément qui corrobore cette thèse : en 2008, il a été enregistré 641 interventions et 291 décès (174 hommes, 55 femmes et 62 enfants). Le nombre de personnes secourues est estimé à 985 personnes (338 hommes, 361 femmes et 286 enfants). Certaines régions ont connu des pics importants : Sétif avec 45 interventions et 31 décès, Aïn Defla avec 35 interventions et 34 décès, Alger avec 48 interventions, 8 décès, Djelfa avec 27 interventions et 8 décès et Ghardaïa avec 50 interventions et 39 décès. En y regardant de plus près, on constate que la répartition mensuelle démontre la classique prédominance automnale et hivernale. En effet, il y a une augmentation progressive des cas enregistrés d'octobre à février, période où le chauffage est en marche. Les familles socialement et économiquement fragiles sont en général plus exposées au risque d'intoxication au CO2, car les appareils de chauffage sont vétustes, et dont l'entretien ainsi que celui des systèmes de ventilation est souvent négligé par souci d'économie. On compte rarement une seule victime. Le plus souvent, c'est toute une famille : parents et enfants. L'intoxication au monoxyde de carbone est un risque domestique majeur. Même conscientes, les victimes sont incapables de fuir dans la plupart des cas, n'étant plus en mesure de réagir correctement. Toutes les personnes présentes au moment de la fuite de gaz sont intoxiquées en même temps. Inodore, ce gaz qualifié par certains de « tueur silencieux » passe inaperçu. C'est d'autant plus grave qu'il peut tuer en quelques minutes. L'inhalation d'oxyde de carbone reste la première cause d'intoxication accidentelle mortelle en milieu domestique. Ce gaz peut réduire la concentration en oxygène jusqu'à des niveaux très faibles par déplacement et dilution et provoque une perte de connaissance instantanée, sans signes d'alerte tels que les étourdissements, avant d'entraîner la mort par asphyxie. Il existe deux types d'intoxications : l'intoxication faible ou chronique qui se manifeste par des maux de tête, des nausées et de la fatigue. Ces symptômes sont souvent confondus avec ceux d'une intoxication alimentaire. Il y a aussi l'intoxication grave, plus rapide, qui entraîne des vertiges, des troubles du comportement, des pertes de connaissance, le coma ou la mort. Selon les investigations menées depuis plusieurs années par les services de la Protection civile, deux facteurs sont à la source des cas d'asphyxie par le monoxyde de carbone : défectuosité du matériel de chauffage et défaut d'aération à l'intérieur des habitations. D'autres raisons peuvent aussi être mentionnées : l'achat de chauffage et de chauffe-eau commercialisés par le marché informel à un prix de vente inférieur, ne répondant pas le plus souvent aux normes de sécurité, représentant alors un risque certain pour le consommateur. Une installation non conforme ou un manque d'entretien peuvent aussi provoquer ce type d'accidents domestiques. Pour assurer votre sécurité et celle de vos proches, il est recommandé de faire appel à des professionnels qualifiés dans l'installation d'un système de chauffage et de production d'eau chaude et l'entretien et le nettoyage périodique des installations. Des campagnes de sensibilisation menées périodiquement par Sonelgaz sont organisées dans le but d'éviter que d'autres drames ne surviennent. L'accent est mis sur la bonne utilisation des radiateurs à gaz et des chauffe-bains, souvent à l'origine des accidents, et sur la nécessité d'une bonne aération pour l'évacuation des gaz brûlés. Pour l'année 2009, il a été constaté que la situation est similaire à celle des années précédentes. En janvier, il a été enregistré 116 interventions, 41 décès et 238 personnes secourues. En février, les chiffres baissent mais restent inquiétants : 66 interventions, 19 morts et 181 personnes secourues. « Le meilleur moyen de réduire les risques reste la prévention », confient des pompiers. Au niveau de la cellule de communication de la Protection civile, l'on reconnaît que les opérations de sensibilisation ne sont pas étendues à l'ensemble du territoire, faute de moyens mais l'on relève également l'amnésie, surtout lors des périodes de grands froids. En multipliant les actions de sensibilisation, la Protection civile tente au moins de faire prendre conscience au plus grand nombre de personnes des dangers potentiels du monoxyde de carbone.