Un mariage non consommée, une soumission au fait accompli, la recherche du bonheur éternel. C'est en gros la trame de la pièce jouée par l'Association des amis de Rouiched sur les planches du TRC, Bidoune ounwane (sans adresse) à l'occasion des journées du théâtre professionnel maghrébin, une œuvre qui se veut « tragédie où s'exprime tout le malheur de l'homme en tant qu'être fondamentalement souffrant ». Donc, souffrance et malvie, deux thèmes majeurs dans une dechra située au milieu de nulle part, et où Rabie (Mustapha Ayad) hésite entre le fait accompli et la nécessité de changer de vie pour une… vie meilleure. Entre résignation et abandon, il passe ses journées à disserter sur ses espoirs et ses craintes avec sa voisine, Rabiaâ (Sonia), qui de son côté s'accroche malgré elle à un mari qu'elle a connu à peine, qui l'abandonnera au bout de quelques jours de mariage, non consommé, pour s'en aller vers un autre ailleurs qu'il espérait meilleur mais au bout duquel il trouvera une mort violente, après plusieurs années. Quant aux personnages Bezzouh et Hamel, ils ne cesseront de chercher le village idéal, qui demeurera hypothétique, sans jamais le trouver, tournant en rond, interrompus dans leurs rêveries par l'errance du citoyen en butte au vécu quotidien. Avec un jeu dépouillé, et sans fioritures, Sonia et Mustapha Ayad (qui est le fils de l'illustre Rouiched pour ceux qui ne le savent pas), se sont imposés sur scène avec leur professionnalisme et leur entrain, donnant à la pièce un cachet qu'elle n'aurait pas eu sans doute sans leur présence.