La Constitution algérienne ne fait nullement obligation, ni n'impose un délai au Premier ministre pour le dépôt de sa démission après l'élection ou la réélection d'un président de la République. Néanmoins, la tradition veut – et c'est un procédé appliqué de par le monde – que le jour même de la prestation de serment d'un président, le Premier ministre remette sa démission au chef de l'Etat fraîchement élu. Celui-ci peut alors, à ce moment-là, décider soit de sa reconduction ou de son remplacement. En Algérie, les choses paraissent fonctionner autrement. Toutefois, d'après nos sources, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a effectivement honoré cet engagement. Il a, en bonne et due forme, remis sa démission à qui de droit. Mais, dit-on, l'entourage du président a préféré, pour on ne sait quelle raison, taire l'information . D'autres sources soutiennent que si les choses se font loin des caméras de télévision c'est parce qu'un nombre important de gens (des gens qui se comptent surtout parmi ceux qui ont joué un rôle lors de la réélection de Abdelaziz Bouteflika) jouent actuellement des coudes pour s'assurer une place dans la nouvelle administration. Ce qui rendrait le choix des hommes de la nouvelle équipe gouvernementale encore plus difficile. « Tous les partis politiques, les organisations de masse, les associations et les personnalités ayant soutenu le président attendent aujourd'hui un geste de sa part », a souligné une personne proche du cercle présidentiel. Celle-ci ajoute dans la foulée que l'option de la mise en place de grands départements ministériels dont a parlé le président, il y a deux ans, pourrait se voir concrétiser cette fois-ci. Une option qu'écarte néanmoins bon nombre d'observateurs dans la mesure où, disent-ils, une telle option nécessite une longue préparation et une large concertation. A signaler que samedi dernier, la présidence de la République a sollicité les partis politiques formant l'Alliance présidentielle pour qu'ils lui remettent des propositions de noms de cadres aptes à gérer des postes ministériels. « Les leaders des partis de l'Alliance n'ont montré, pour la première fois, aucun signe de divergences sur ce plan. Seulement,il y a certains SG de partis qui ont demandé à remplacer certains de leurs ministres. Et là, personne ne connaît la position du président sur la question », a indiqué notre source. Hier encore, le président Bouteflika a reçu Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem pour traiter de la question. Au-delà, ces éléments pourraient laisser entendre que le chef de l'Etat ne se contentera pas d'un simple lifting de l'équipe gouvernementale héritée par Ahmed Ouyahia. Seulement, nombreux sont ceux qui recommandent d'attendre pour voir dans la mesure où Abdelaziz Bouteflika reste un dirigeant imprévisible. A mentionner qu'en attendant la constitution du nouveau gouvernement, les ministres en poste actuellement ont reçu instruction de gérer uniquement les affaires courantes. La chambre basse du Parlement est également en stand-by. Les députés ne peuvent ni proposer ni débattre un texte de loi, et encore moins demander des comptes aux ministres. Ces derniers, à l'heure qu'il est, doivent certainement attendre la peur au ventre le verdict de Abdelaziz Bouteflika.