Cette déclaration a été adoptée de manière anticipée par les 182 Etats participants pour couper court au tollé provoqué par les propos anti-israéliens du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui avait qualifié le gouvernement d'Israël de « raciste » dans son discours devant l'assemblée, provoquant le départ de la salle des pays de l'Union européenne présents. Elle réaffirme les engagements pris en 2001 en Afrique du Sud lors de la Conférence de Durban contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, dont elle a assuré le suivi pendant cinq jours. A l'instar de Human Rights Watch (HRW), certaines ONG y voient une « réponse forte » des Etats aux polémiques qui ont accompagné les négociations sur le texte, en particulier sur les concepts de liberté d'expression, fermement défendus par les Occidentaux, et de diffamation des religions, auquel les pays musulmans ont finalement renoncé sous la menace de boycott des Occidentaux. Pour l'ONG Article 19, le texte marque une « avancée considérable » en matière de liberté d'expression car « il replace l'individu au centre en stipulant que c'est lui qui a des droits, et non les religions ». Pour HRW, le texte démontre de la part des Etats une volonté de « dépasser la polarisation du débat sur le racisme à l'ONU » et de « prendre leurs responsabilités pour le combattre plus sérieusement ». « Cette conférence a obtenu d'importants résultats sur beaucoup de questions comme la protection des migrants et des réfugiés », selon HRW. Le texte, qui ne mentionne aucun Etat en particulier, appelle à « ne jamais oublier l'holocauste ». Certaines ONG doutent toutefois que les Etats aient la volonté politique d'appliquer les recommandations de la déclaration. Selon Gianfranco Fattorini du Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples, tout dépendra du « soutien que les Etats voudront bien accorder au Haut-Commissariat de l'ONU pour les droits de l'Homme » et notamment au projet d'observatoires régionaux du racisme prévu par le document. Le risque était grand, selon de nombreux participants, que la conférence soit détournée de son objectif de traiter du phénomène du racisme, qui s'est pourtant « beaucoup accru » depuis 2001 et les attentats du 11 septembre. Le représentant à Genève de la Commission arabe des droits de l'Homme Abdel Wahab Hani a noté que la déclaration finale se contentait de « regretter » que l'objectif fixé à Durban d'une ratification universelle d'ici 2005 de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discimination raciale n'ait pas été atteint. « Aucun nouvel objectif n'a été fixé, cela vous donne l'esprit de la Conférence », a-t-il déploré, regrettant l'« instrumentalisation » de la présence du président iranien contre la Conférence. La République tchèque s'est retirée de la conférence juste après le discours de M. Ahmadinejad. Lundi, veille de l'ouverture de la Conférence, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande annonçaient leur retrait, rejoignant l'Italie, les Etats-Unis, le Canada et Israël qui avaient annoncé leur non-participation.