Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a été critiqué hier dans son propre camp pour la nomination de son premier vice-président, signe qu'il n'aura pas la tâche facile pour la formation de son nouveau gouvernement. “Il est nécessaire d'annuler la nomination de Rahim Mashaie par respect pour le peuple conservateur” fidèle aux principes de la révolution islamique, a écrit Hossein Shariatmadari, directeur du quotidien Kayhan. Le directeur du grand journal conservateur d'Iran est nommé par le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, et soutient le président Ahmadinejad. “De nombreuses personnes proches du président comme le peuple qui le soutient sont hostiles à la nomination de M. Rahim Mashaie et s'en inquiètent”, a ajouté M. Shariatmadari. La nomination d'Esfandiar Rahim Mashaie, qui était vice-président chargé du tourisme et remplace Parviz Davoudi, a été annoncée vendredi par Ahmadinejad, un peu plus d'un mois après sa réélection controversée. Le nouveau premier vice-président est considéré comme très proche de Mahmoud Ahmadinejad et sa fille a épousé le fils du président iranien. En juillet 2008, il avait affirmé que l'Iran était “l'ami du peuple israélien”, dans une déclaration contrastant avec les attaques verbales de Téhéran contre Israël. “Aujourd'hui, l'Iran est l'ami du peuple américain et du peuple israélien. Aucune nation n'est notre ennemi dans le monde”, avait déclaré M. Rahim Mashaie. “Nous considérons le peuple américain comme l'un des meilleurs peuples du monde”, avait-il poursuivi. Ces déclarations avaient provoqué un tollé, notamment chez les dignitaires religieux et parlementaires conservateurs, qui avaient exigé son départ. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait dû intervenir, désavouant les propos de Rahim Mashaie et demandant la fin de la polémique. L'Iran ne reconnaît pas l'existence d'Israël. Le président Ahmadinejad a déclaré à plusieurs reprises que l'Etat hébreu était voué à la disparition et a qualifié de mythe l'Holocauste des juifs pendant la seconde guerre mondiale. Un religieux conservateur, Ahmad Khatami, un des imams de prière du vendredi de Téhéran, a également critiqué la nomination de Rahim Mashaie, selon le quotidien Etemad Melli. “Cette nomination (...) est un défi aux membres de l'Assemblée des experts et du Parlement” qui avait dénoncé les propos de M. Rahim Mashaie à l'époque, a déclaré Khatami. “Il semble que cette nomination soit source de tension pour le gouvernement”, a ajouté Ahmad Khatami, lui-même proche du gouvernement. Pour sa part, le chef du groupe des parlementaires qui appartiennent aussi au clergé, Mohammad Taghi Rahbar, a demandé l'intervention du guide suprême pour démettre Rahim Mashaie, toujours selon Etemad Melli. Le président Ahmadinejad, réélu avec 63% des voix, sera officiellement investi entre le 2 et le 6 août. Sa victoire, que l'opposition attribue à la fraude électorale, a provoqué un mouvement de contestation jamais vue en trente ans de République islamique et divisé jusqu'au camp conservateur. R. I./Agences