L'ONU tentait hier de sauver Durban II après le discours controversé du président iranien. L'ONU mettait tout en oeuvre hier pour sauver la conférence Durban II sur le racisme après le tollé provoqué lundi par le discours contre le régime sioniste israélien du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a provoqué le départ de la salle des Européens. «Le discours du président iranien n'avait rien à voir avec le fond de la conférence et il ne devrait donc également en rien compromettre son résultat», a estimé la Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Navanethem Pillay. Mme Pillay a appelé les Etats à ne pas laisser M.Ahmadinejad torpiller la conférence, qui assure le suivi de celle de Durban I en 2001, déjà entachée par des dérapages, taxées d'antisémites par l'Occident. Elle a souligné que «189 Etats s'étaient mis d'accord par consensus vendredi dernier sur un projet de déclaration finale» devant être adopté le 24 avril. Hier, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, est venu à la rescousse, estimant que la conférence n'était «pas du tout un échec mais le début d'un succès». Alors que Durban I avait vu un «déferlement de racisme», selon M.Kouchner, Durban II s'apprête à adopter «un texte où figure tout ce que nous souhaitions, tout ce que les pays occidentaux souhaitaient» même si «ce n'est pas parfait». Lors de son discours lundi, le président iranien a qualifié le gouvernement israélien de «raciste». Ignorant l'appel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon à ne pas assimiler le sionisme à du racisme, M.Ahmadinejad a critiqué la création d'Israël qui a privé «de terres une nation entière sous le prétexte de la souffrance juive». Les représentants des 23 Etats de l'Union européenne présents ont alors quitté la salle pour ne la regagner qu'après le discours de M.Ahmadinejad. La République tchèque a même annoncé lundi soir qu'elle se retirait «définitivement» de la conférence, rejoignant dans le boycottage les Etats-Unis, Israël, l'Australie, le Canada, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et la Pologne. Selon Pierre Hazan, porte-parole de la Haut commissaire, «il est de la responsabilité des Etats de savoir s'ils veulent ou vont s'appliquer pour que cette conférence traite des vrais problèmes liés au racisme et pour marginaliser les propos du président iranien». A propos des pays qui ont décidé à la dernière minute de boycotter la conférence, la Haut commissaire s'est déclarée persuadée que «puisqu'ils ont participé au processus par lequel le document a été adopté, eux aussi participeront un jour à la mise en oeuvre de ces dispositions». Ban Ki-moon a, lui, souligné que la conférence ne constituait pas «la fin du processus (mais) le début». «Sur la base de ce texte, j'adjure les Etats membres de l'ONU à appliquer l'ensemble des recommandations (qu'il contient) au niveau de leur politique nationale tout en essayant de coordonner leur action entre eux», a-t-il ajouté. Pour le diplomate russe, Youri Boychenko, qui a mené les négociations sur le projet de déclaration, «rien dans ce texte ne justifie le boycott». «Les déclarations du président iranien ne créent certes pas un climat propice, mais nous devons surmonter ce moment», a confié pour sa part un diplomate européen sous couvert de l'anonymat. «Nous espérons que le texte va tenir». Pour essayer de prendre de vitesse les Etats tentés de remettre en cause le texte, les pays du groupe latino-américain ont d'ailleurs l'intention de demander son adoption dès hier, selon une source diplomatique latino-américaine.