Ils étaient nombreux à assister à la séance de signature de Omar Mokhtar Chaâlal. Enseignants, universitaires, étudiants et citoyens attendaient pour se faire dédicacer le dernier roman de l'auteur, Talghouda. La librairie Média-Plus était très animée jeudi, et Abdelhamid Benzine a revisité, le temps de cette séance, la ville du Vieux Rocher. L'homme, sa grandeur et ses sacrifices ont été au centre d'une discussion ayant débordé sur la situation actuelle du pays. L'auteur, qui déclare « rougir de tout sauf d'être un Rouge » (communiste), indiquera que c'est dans un élan de continuité du militantisme pour les idéaux que sont la liberté, la démocratie et la justice sociale qu'il s'est senti le devoir de témoigner du vécu riche en enseignements de cet homme illustre. Il avoue ne pas être un historiographe, et c'est ce qui explique son choix pour le récit romanesque afin de restituer au mieux, surtout aux jeunes générations, insiste-t-il, le parcours du militant infatigable qu'a été Abdelhamid Benzine. Talghouda est le récit émouvant d'une époque dont la trame, chargée d'une délicate poétique, mêle avec perspicacité fiction et réalité. En un mot, Talghouda est de nos jours un aliment plus que nécessaire pour nourrir notre esprit. Ne vivons-nous pas une grande disette culturelle ? Et l'auteur le signale bien en soulevant, sous forme de questionnement, cette sentence cinglante : « Que peut-on bien attendre d'un pays où les œuvres des meilleurs de ses écrivains ne figurent pas sur les livres et manuels scolaires ? » En attendant que les officiels en charge de l'enseignement et de la culture daignent se pencher sur cette question importante, Omar Mokhtar Chaâlal, pour sa part, nous promet de récidiver avec un 2e tome de Talghouda, 400 pages, qui viendront compléter la saga de ce révolutionnaire et pionnier de la presse qu'est Abdelhamid Benzine. Il nous faut alors nous gaver de ce tubercule sauvage que nos parents étaient contraints de manger durant le colonialisme pour ne pas mourir de faim, car les misères d'aujourd'hui sont le prolongement de celles d'hier, autant que les combats.