On n'a pas un seul enseignant de rang magistral pour la langue française à la Faculté d'Alger. Cela sous réserve des promotions qui sont intervenues ce mois-ci pour les différentes catégories d'enseignants universitaires. » Cette révélation a été faite, hier, par Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, lors d'un point de presse tenu à l'ENA. Elle illustre, de manière éclatante, le grave déficit dont souffre l'université algérienne. En détail, cela veut dire qu'ils sont « seulement 3442 professeurs et maîtres de conférence à faire partie des 23 205 enseignants assurant actuellement les cours aux 647 371 étudiants inscrits dans nos établissements universitaires », précisera le ministre. C'est pourquoi, « il faut recruter 24 400 nouveaux enseignants pour faire face au nombre de 1 million d'étudiants attendus à l'horizon 2008 », insistera-t-il. Il faut savoir que la norme internationale est de 1 enseignant pour 15 étudiants, alors que chez nous elle se situe entre 1 enseignant pour 28 étudiants et quelquefois plus. Mais le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique entend faire face à ce défi. Comment ? Par le biais de plusieurs formules. Comme dynamiser la postgraduation, faire appel aux enseignants algériens se trouvant à l'étranger, créer des écoles doctorales ou compter sur les différents canaux de la coopération étrangère. Et comme pour rétablir de l'ordre par rapport à des idées longtemps installées, Rachid Harraoubia apportera d'autres vérités. « Contrairement à ce qu'on croit, ce ne sont pas les filières scientifiques qui manquent d'encadrement, mais ce sont plutôt les sciences humaines qui souffrent du manque d'enseignants. » A titre d'exemple, pour les sciences juridiques, administratives et politiques, on a 1146 enseignants pour 96 334 étudiants en 2003 (c'est donc 1 enseignant pour 83 étudiants). C'est le même cas pour les sciences économiques (1/84) et sensiblement moins pour les langues étrangères et interprétariat (1/51) ou les sciences sociales et littérature (1/36). A contrario de cette situation de grave déficit, des filières comme les sciences exactes (1/3), les technologies (1/17), les sciences de la nature et de la vie ou l'informatique (1/36), donnent des taux d'encadrement des plus positifs. Le document dans lequel on trouve toutes ces indications a été, d'ailleurs, soumis, pour enrichissement, aux participants aux « Journées de réflexion sur l'encadrement universitaire ». Ces deux journées, qui se tiennent depuis hier à l'ENA, seront clôturées aujourd'hui par la lecture des recommandations des cinq ateliers ayant travaillé sur cette importante question. Par ailleurs, M. Harraoubia annoncera l'installation du conseil supérieur algéro-français de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Il précisera, en outre, qu'il est pour la formule, par exemple, d'une université algéro-américaine au lieu de l'université américaine d'Alger. Les notions de service public et de démocratisation de l'enseignement restent des constantes dans la stratégie arrêtée dans ce domaine, rappellera le ministre.