En Algérie, les populations à risque obtiennent difficilement des crédits immobiliers pour ne pas dire qu'elles en sont exclues, ce qui n'est pas le cas aux Etats-Unis, où les portes du crédit sont facilitées et largement ouvertes aux pauvres. Cet accès des personnes à revenus modestes à la propriété immobilière encouragé par un dispositif d'aide à l'accession mis en œuvre par une loi de 1977 appelée ” Community Réinvestment Act ” a été le combustible du scandale des ” subprimes ” . Il faut savoir que plus de 90 % des prêts aux Etats-Unis sont des prêts “prime”, c'est-à-dire des crédits standard, à taux fixes, négociables à souhait et sans pénalités. Le ” subprime ” est autre chose, c'est un crédit hypothécaire à taux variable (calculé sur la base du taux directeur de la Fédérale réserve américaine), majoré d'une ” prime de risque ” en général très élevée. Il est accordé par certains établissements, aux plus défavorisés, en n'étant pas regardant sur leur solvabilité. Il s'adresse essentiellement aux personnes ayant une notation de crédit inférieur à 615 (points de crédit déterminés par la notation FICO pour les Etats-Unis) alors que la moyenne se situe autour de 650 points. Ce type de crédit est utilisé pour financer les achats immobiliers (35%), mais il sert également au refinancement (45%). Les crédits “subprimes ” offrent certains avantages comme celui de différer le remboursement. Dans ce cas, l'emprunteur remboursera simplement le montant des intérêts pendant une période fixée au préalable. En contrepartie du risque d'insolvabilité du débiteur, le taux de rendement pour l'émetteur est bien supérieur (le taux pouvant être supérieur de 50% à la moyenne), ce qui explique l'attrait des institutions financières pour ce type d'opérations. Dans la plupart des cas, la dette des ” subprimes ” est titrisée. Cela signifie qu'elle est placée sur le marché et devient négociable. Comme pour un placement obligataire, les investisseurs institutionnels ou organismes de gestion, pourront l'échanger et percevront un rendement. Des banques honorablement connues, telles la City Bank, ont créé des filiales spécialisées dans la revente des ” subprimes ” aux investisseurs après les avoir transformées en obligations à risques, mais à fort rendement. L'opération est intéressante pour les banques parce que d'une part elle est juteuse et d'autre part le risque est transféré sur le marché financier. Tous les analystes disent que la crise des ” subprimes ” vient d'un défaut de supervision des risques par les organismes de régulation et les marchés des capitaux. Toute la chaîne a été ainsi impliquée : brokers (intermédiaires), banques, agences de notation ….. Si pour le premier facteur à l'origine du déclenchement de la crise, c'est-à-dire la facilité d'octroi des crédits aux personnes à revenu modestes, la comparaison n'est pas soutenable avec ce qui se fait chez nous, les pouvoirs publics n'ont pas ” livré ” les plus défavorisés aux banques, c'est l'Etat qui continue de financer le secteur de l'habitat sur fonds public. Il reste que pour le deuxième facteur, c'est-à-dire le transfert par les banques prêteuses du risque de crédit auxquelles elles sont exposées à des investisseurs non – bancaires au moyen d'instruments sophistiquées et opaques à la fois, cette technique est totalement inusitées dans notre contrée par absence d'ingénierie financière. Le débat ou la réflexion sur cette question n'est pas encore amorcée. Le cloisonnement institutionnel des trois secteurs financiers que sont la banque, l'assurance et l'embryon de marché financier, complique il est vrai le financement de l'économie mais il demeure quelque part vertueux parce qu'il limite les phénomènes de transvasement entre les secteurs. Il peut paraître inconcevable que trois corps de règles distincts – la loi bancaire, la loi sur la bourse et la loi sur l'assurance – s'appliquent distinctement, sous le contrôle de trois autorités de régulation distinctes, à des professionnels qui, même s'ils appartiennent à des monopoles différents, exercent un même métier, celui de la gestion, du transfert et de la commercialisation du risque et, en l'occurrence, du risque de crédit.