Les principales places financières mondiales ont vécu des journées difficiles. Touchées par la crise du crédit immobilier américain, les places boursières mondiales ont lourdement chuté, jeudi passé, au point que certains parlent de jeudi noir. Les craintes d'un assèchement du crédit et d'une pénurie de liquidités se sont renforcées sur l'ensemble des places financières, alors que les banques centrales s'emploient à injecter des fonds et à rassurer les opérateurs. La banque centrale américaine (Fed) a fait un geste très attendu par les marchés, hier, en abaissant l'un de ses taux directeurs, pour faire face à la tempête boursière qui fait peser, selon elle, un risque “accru” sur la croissance. Elle a, par ailleurs, 6 milliards de dollars sur les marchés. Au total, la Fed a injecté 94 milliards de dollars depuis le jeudi 9 août. Les places boursières, secouées depuis des jours par la crainte d'une panne de crédit, ont immédiatement salué cette décision surprise en rebondissant de manière spectaculaire. La crise a commencé fin 2006 aux Etats-unis avec les difficultés d'établissements financiers spécialisés dans la distribution du crédit immobilier à risques, les “subprimes mortgage”, destinées à des personnes à faible revenu. Nombre de ces dernières se sont retrouvées incapables de rembourser leurs emprunts en raison de la baisse des prix des maisons et de la remontée des taux d'intérêt. Ces défaillances ont, à leur tour, provoqué la faillite des établissements prêteurs. Ces derniers avaient de plus “titrisé” leurs créances, c'est-à-dire les avaient transformées en obligations vendues à des investisseurs du monde entier, qui se sont retrouvés pris au piège. Cette annonce a provoqué une brutale crise de défiance, les banques hésitant à se prêter de l'argent entre elles, ce qui a fait remonter brusquement les taux d'intérêt. La crise du crédit immobilier s'est alors transformée en une crise monétaire et bancaire. L'opacité du marché des subprimes — personne ne sachant au juste quel encours il représente et qui les détient — a ajouté à la nervosité. Les lourdes pertes subies sur le secteur des crédits immobiliers à risques ont, également, incité de grands investisseurs à se retirer d'autres compartiments du marché où ils avaient dégagé des plus-values, notamment les actions. Ce mouvement a provoqué la chute des Bourses, mais aussi celle des matières premières. Dans un phénomène de boule de neige, le recul de ces marchés a déclenché de nouvelles baisses. La crise bancaire est devenue une crise boursière. La libéralisation financière et le fait que les gestionnaires puissent désormais placer leurs capitaux dans tous les pays de la planète expliquent que les Bourses de toutes les régions du monde soient aujourd'hui touchées. Pour autant, les spécialistes préfèrent parler d'une “correction brutale” que d'un krach.