Le volet culturel, c'est le vide entier, pourtant, c'est une région riche. Point d'animation d'antan, comme au temps d'Ichenouiyene. Les veillées ramadhanesques ne font pas partie des habitudes des Tipasiens, comme c'est le cas à Koléa, Bou Ismaïl et Cherchell. Quelques hommes s'adonnent à de courtes ballades, histoire de reprendre les commérages, tandis que les autres préfèrent jouer aux cartes, même au seuil légèrement éclairé de l'entrée du Parc archéologique. Justement, c'est à proximité de l'entrée du site, que 5 jeunes de l'association Errachidia de Cherchell se sont invités à titre bénévole, à la terrasse de l'Exotique pour se produire durant deux heures devant quelques mélomanes venus, d'Alger, de Bou Ismaïl, de Hadjout et de Cherchell, pour siroter le thé de Houari, déguster la pâtisse ie orientale maison et fumer du narguilé. Touchiya tchoubar aârak et mesrafète dans le style nabaoui étaient proposés à l'ouverture du sympathique tour de chant, avant de passer au medh nabaoui et enfin un m'khiless rythmé pour donner plus d'énergie aux mélomanes accrocs du patrimoine musical national. En dépit de l'absence de la sonorisation, le jeune Islam Chabni, accompagné de virtuoses, en l'occurrence Kamel Sebbagh (violon), Abdelhafidh Amokrane (banjo), Louaïl Mekki (derbouka) et Hamza Fethi (tar) ; avait brillamment interprété des chansons avec sa voix qui n'a pas laissé indifférents certains membres de l'assistance. «Nous avons un groupe musical dans la région», déclare cet habitant de Hadjout. Mais je n'ai pas eu connaissance de son existence. C'est un régal», ajoute-t-il. Amimouh, musicien senior, est bercé, totalement absorbé par le rythme et les notes musicales interprétées par ces jeunes musiciens. Une soirée ramadhanesque improvisée au niveau de l'unique salon de thé de la piétonnière de Tipaza, qui permet à ses clients de jouer gracieusement de la musique. Un groupe amateur s'est déjà constitué à force de répéter chaque soir. Les instruments existent déjà à l'Exotique. Quelques badauds curieux passent avec leurs yeux fixés sur ce lieu éclairé. Une qaâda saine et instructive culturellement, dans une ambiance caractérisée par les airs andalous et chaâbi, ce n'est pas leur tasse de thé.
