Robert Denard, 78 ans, était atteint de la maladie d'Alzheimer, qui l'avait empêché d'assister à ses procès en 2006 et 2007, liés à l'organisation d'un coup d'Etat aux Comores en 1995. Il venait d'être condamné, en juillet, à 4 ans de prison, dont trois avec sursis pour un coup d'Etat dans l'archipel des Comores en 1995. Ce n'était pas la première fois que l'ancien sous-officier de l'armée régulière française avait affaire à la justice, lui qui pendant 40 ans avait multiplié les actions militaro-politiques en Afrique. Il était le plus influent et le plus connu de tous les mercenaires ayant opéré en Afrique depuis les indépendances des pays de ce continent. Il était connu pour avoir accompli diverses missions dans le cadre de la Francafrique de Jacques Foccart pour le compte du président Charles de Gaulle. Mais le nom de Denard restera particulièrement lié à celui des Comores, ex-colonie française devenue indépendante en 1975. Militaire de carrière – commandos de la marine en Indochine et en Algérie – jusqu'en 1952, Bob Denard, dont le pseudonyme est Gilbert Bourgeaud, également connu sous le nom de Saïd Mustapha Mahdjoub (après sa conversion à l'Islam), était le principal organisateur du putsch dans cette colonie en renversant, en 1975, le président Ahmed Abdallah pour installer à sa place son opposant Ali Soilih. En 1978, il réalisa l'opération inverse avec 28 autres mercenaires français, tuant Ali Soilih et réinstallant son prédécesseur, Ahmed Abdallah. Il devint alors commandant en chef des forces armées comoriennes, et chef de la garde présidentielle de 1978 à 1989. Limogé peu après, il demeura le chef de la Garde présidentielle (GP), qu'il dirige jusqu'à l'assassinat du président Abdallah, dans la nuit du 27 novembre 1989 dans des circonstances obscures. Surnommé le «chien de guerre», il est soupçonné d'être impliqué dans plusieurs affaires criminelles. Son bras droit, Jean-Paul Guerrier, a notamment été accusé d'avoir assassiné Dulcie September, une proche de Nelson Mandela, représentante de l'ANC à Paris, en mars 1988. Anticommuniste convaincu, il œuvra dans les tumultueux conflits post-coloniaux. Il était l'homme des services secrets français. Il participa aux conflits au Zimbabwe, au Yémen, en Iran, au Nigeria, au Bénin, au Gabon, en Angola, au Zaïre et aux Comores, l'un des pays les plus instables de la planète. Il était condamné à cinq ans de prison avec sursis pour le coup d'Etat manqué au Bénin en janvier 1977. Denard était depuis 1991 sous le coup d'un mandat d'arrêt, le tribunal de Paris l'ayant déjà condamné, par défaut, à cinq ans de prison pour son rôle dans la tentative de putsch. Le 28 septembre 1995, Bob Denard débarque sur les côtes comoriennes avec une trentaine de ses camarades. Il s'empare du pouvoir, libère les détenus politiques et fait prisonnier le président Saïd Mohamed Djohar. Un comité militaire de transition est installé. Mais le 4 octobre 1995, en vertu d'accords liant la France et les Comores, les troupes françaises libèrent le président et mettent fin au putsch. Les mercenaires français sont arrêtés puis ramenés en France.