A l'occasion du 50e anniversaire de la disparition de cette jeune femme à la détermination et au courage exceptionnels, l'association Maillot-Iveton lui a organisé, mercredi 28 novembre, au Centre culturel d'Hussein Dey, un vibrant hommage en présence, particulièrement, de plusieurs moudjahidate qui activaient dans le domaine de la santé durant la guerre de Libération. Dans une brève conférence, Mohamed Rabah, un passionné d'histoire, plus précisément celle de la guerre de Libération, a retracé la jeunesse et le parcourcombattant de Raymonde Peschard qui porta le prénom de Taous dans le maquis. Fouillant les archives et la presse de l'époque aussi bien les journaux Alger Républicain et Liberté, proches du Parti Communiste Algérien (PCA) que les quotidiens de la colonisation (Echo d'Alger, le Journal d'Alger et la Dépêche quotidienne) a réussi une biographie claire, nette, précise et surtout sans grandiloquence de celle qui a fini sa vie en martyre mais qui n'a pas été souvent citée dans l'historiographie officielle de la guerre de Libération. Pour relater les circonstances de son exécution (elle a été capturée avec plusieurs combattants de l'ALN par l'armée coloniale en novembre 1957 dans le massif des Bibans), Rebah cite l'ouvrage Avoir 20 ans dans les maquis (Editions Casbah 2005) de Djoudi Attoumi. Ce dernier, cité par Rebah, écrit à la page 142 : «Blessée et capturée, elle ne pouvait supporter de voir ses frères, le docteur Belhocine et Oukmalou Arezki, achevés sauvagement. Devant les corps allongés de ses frères de combat, et malgré ses blessures, Raymonde trouvera le courage de déverser sur les soldats un flot d'injures, les traitant de sauvages, de barbares et de nazis (…). Un officier lui logera alors une balle dans la tête…» Rebah est par la suite revenu sur la jeunesse d'une demoiselle Peschard, née en 1927 à Saint-Eugène, et précocement engagée dans l'action politique et auprès des plus humbles dès que sa conscience s'éveilla grâce à un oncle (Edouard Peschard), un communiste cheminot à Constantine qui l'avait adoptée à la mort de sa mère et l'avait aidée à acquérir une formation d'assistante sociale et de femme militante. Dans les années 40, fréquentant communistes et nationalistes du Vieux Rocher, Raymonde se fait rapidement remarquer par les autorités coloniales de Constantine qui ne tardent pas à la déclarer persona non grata dans les murs de la ville. C'est ainsi qu'elle réintègre Alger, sa ville natale, où grâce encore à une complicité communiste, elle trouve à s'employer au sein de la société Electricité et Gaz d'Algérie (EGA devenue Sonelgaz à l'indépendance). Elle reprend son action et se retrouve aux côtés de celui qui devient bientôt un héros martyr de la cause algérienne : le communiste Fernand Iveton avec lequel elle entre au FLN en 1956. En novembre, rappelle Mohamed Rabah, à la suite de l'arrestation de Fernand Iveton, la presse coloniale diffuse sa photo sous le titre : «La femme blonde qui a remis la bombe à Iveton est identifiée», Peschard se fond dans la clandestinité et monte au maquis, «vers le mois d'avril à la Wilaya III» où elle insiste pour compter parmi ceux qui combattent les armes à la main.