Le commandant du groupement de Tizi Ouzou, qui a annoncé l'installation prochaine de 14 brigades avant la fin de l'année, n'a pas donné de détails sur les communes où seront installées ces unités. Il a juste précisé que le projet de redéploiement dans la wilaya de Tizi Ouzou prévoit à moyen terme l'installation d'une brigade par commune. Pour rappel, le pouvoir avait décidé, en mars 2002, de délocaliser près d'une vingtaine de brigades à Tizi Ouzou et Béjaïa, en réponse à la revendication des archs qui demandaient le départ de toutes les brigades de gendarmerie. Quartoze brigades ont été fermées à Tizi Ouzou et 7 à Béjaïa entre mars et avril 2002. L'opération de délocalisation avait commencé le 24 mars 2002, avec le départ des brigades de Tizi Ouzou, Beni Douala et Azazga. Par la suite, les brigades de Maâtkas, Larbaâ Nath Irathen, Boghni, Boudjima, Bouzeguène, Tizi Rached, Iferhounène, Mekla, Makouda, Draâ El Mizan et Azzefoun ont suivi. A l'époque, dans certaines communes, les bâtiments laissés par les gendarmes ont été complètement détruits par la population, comme ce fut le cas à Azazga. Les manifestations de joie qui ont suivi cette opération avaient été lourdement réprimées et de nombreux délégués des archs et des jeunes manifestants ont été arrêtés. Il y a eu aussi des morts et des blessés à Tizi Ouzou et à Béjaïa où la moindre manifestation était réprimée dans le sang. Le départ de toutes les brigades de gendarmerie a été l'un des points de discorde entre le gouvernement et les archs au cours des différents rounds de dialogue entre 2004 et 2006. Sans jamais dire non à une telle revendication, un des 15 points de la plateforme d'El Kseur, le pouvoir a joué le pourrissement, sachant pertinemment que face l'insécurité, ceux qui demandaient le départ des gendarmes allaient finir par s'accommoder de leur présence. Depuis 2006, de nombreux barrages mixtes de gendarmes et de militaires ont fait leur apparition à Tizi Ouzou, avec l'objectif de sécuriser certains axes routiers, devenus de véritables coupe-gorge. Durant des années, la Kabylie a été livrée au banditisme et aux criminels de tous bords, au point de pousser la population locale à souhaiter le retour des gendarmes. Profitant de l'absence d'une couverture sécuritaire suffisante, les terroristes ont transformé cette région en zone de repli. Beaucoup d'observateurs avaient lié la très forte présence terroriste dans la wilaya de Tizi Ouzou à l'absence des gendarmes. Les responsables de ce corps de sécurité ont senti aujourd'hui que personne ne pourra les empêcher de faire leur travail et de réinvestir le terrain. La structure des archs ou le mouvement citoyen, comme on l'appelle, est devenue une coquille vide et la population a trop souffert des agissements des voyous et des voleurs pour oser aujourd'hui s'opposer à l'installation des brigades de gendarmerie. A travers des sorties timides sur le terrain, entamées en 2006 pour combattre certains actes criminels, les gendarmes ont découvert qu'ils n'étaient plus des indésirables, même si les blessures laissées par les événements de 2001 sont toujours vivaces. Les gendarmes impliqués dans les assassinats des jeunes manifestants en 2001 n'ont jamais été jugés à ce jour, par un tribunal civil. La crise de Kabylie avec ses 123 jeunes assassinés et ses milliers de blessés restera à jamais l'une des périodes noires du règne de Bouteflika.