Victor Bout ?! Mais si, vous le connaissez ! Si vous avez vu Lord of War, interprété par Nicolas Cage, vous ne pouvez pas rater ce personnage, costard et brushing impeccables, mallette bourrée de dollars attachée aux poignées, sillonnant l'Afrique pour vendre des tonnes d'armes qui font des millions de morts. Eh bien ce marchand de canons n'est pas sorti de l'imagination du scénariste d'Hollywood, mais plutôt largement inspiré de la saga vraie de Victor Bout, surnommé le marchand de la mort. Arrêté le 6 mars 2008 par deux agents de la DEA (l'agence américaine anti-drogue) dans sa suite au Sofitel Silom à Bangkok, Bout attend son extradition vers les Etats-Unis où des juges se feront un plaisir de le condamner à trente ans de réclusion pour « conspiration avec une organisation terroriste ». Il fut une époque où Victor, 42 ans, était un businessman respecté. Propriétaire d'une compagnie aérienne, Air Cess, ce Russe à l'allure de catcheur livrait toutes sortes de marchandises à travers les quatre coins du monde. Mais dans les soutes des avions de Victor Bout, il n'y avait pas que des cartons de fleurs, d'aspirateurs, de poulets et de poissons congelés. Il y avait également et surtout des fusils kalachnikov (premier produit d'exportation en Russie par le gaz et le pétrole), des lance-roquettes, des munitions et des missiles divers, des blindés et des hélicoptères de combat qu'il faisait livrer en Angola, au Sierra Léone, au Liberia, au Rwanda, en Irak et en Afghanistan. Ses avions avaient même livré en 2004 des armes aux troupes américaines en Irak. C'est en Angola que cet ancien officier d'aviation russe atterrit comme traducteur au début des années 1990. Polyglotte - il parle couramment sept langues et possède autant de passeports qu'il a d'orteils aux deux pieds -, Victor entame sa carrière dans le transport de fonds. L'éclatement de l'empire soviétique lui offrira l'occasion de mettre le grappin sur l'impressionnant stock d'armes de l'Armée rouge qu'il expédiera par cargos entiers sur les champs de guerre d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique. Bout devient alors riche, mais des soupçons finiront par peser sur sa réussite et sa fortune qui se chiffre en plusieurs millions de dollars. Pour avoir prétendument blanchi 325 millions de dollars, payés en diamants par des rebelles angolais, Interpol décide de lancer un mandat d'arrêt international contre lui en 2002. Après six ans de cavale, il tombe dans une souricière tendue par deux Américains déguisés en guérilleros colombiens. Bout voulait leur vendre des armes, il s'est acheté une place en prison.