Ces jours-ci, toute une armée (pacifique) d'envoyés spéciaux débarque du monde entier sur la splendide Croisette de Cannes. Cannes (France) De notre envoyé spécial Encore tout étourdis par le décalage horaire, les confrères escaladeront les marches du « bunker », le palais haut de plafond du festival. Après la fatigue du voyage viendront les réjouissances. Dès le lever du jour, avant même que le soleil ne soit haut dans le ciel, ils seront déjà dans les salles de projection. Ils ne manqueront pas d'avaler un croissant ou une pomme en guise de petit-déjeuner, seulement ça. Et, tout au long du festival, ils pratiqueront d'interminables combines pour survivre, pour éviter les arnaques des restaurants, des cafés, des hôtels de Cannes chaque année plus assoiffés de gains, dans cette ville transformée en pompe à dollars et d'autres monnaies fortes si possible, un tant soit peu épargnée par la crise. Pour la plupart d'entre eux, ni palace luxueux, ni plage, ni starlette langoureusement étendue sur le sable fin : la sympathique meute cinéphile ne connaîtra qu'un seul havre obscur : la salle de cinéma. Pauvres (relativement) mais vivement enthousiastes, il y aura cette année encore à Cannes plus d'images qu'on ne pourra ingurgiter en l'espace de 11 jours de projections. Une masse impressionnante d'images dont le « bunker » accuse déjà réception, venues parfois de très loin, d'Asie surtout, car il semble que la crise ne touche pas sérieusement la production grandeur nature en Inde, au Japon, en Corée du Sud et surtout en Chine, Shanghaï et Hong Kong. Au marché international du film, les produits les plus variés : fictions, documentaires, dessins animés, vidéo, dvd circuleront et ne demanderont qu'à être vendus. Au coude-à-coude et jusque la tard dans la nuit, les acheteurs se rueront sur les petites salles du marché et, s'ils concluent une bonne affaire, les glaçons tinteront dans les innombrables verres qu'offriront chaque nuit mille réceptions. Univers étrange que le festival de Cannes. On n'y meurt jamais d'ennui. On y travaille et s'y amuse vingt-quatre heures par jour. Devant le tourbillon d'images, on croque sa pomme et on ne se démonte pas pour si peu.