De cette mégastructure, conçue en partie par le Polonais Marian Konieizny, et réalisée par le Canadien Lavalin, il ne reste que l'ossature. L' envie de «déchadliser»l'espace et le pas est vite franchi par certains concessionnaires installés depuis son ouverture en 1986. «Personne n'en veut. Ni les Algérois qui préfèrent souvent aller dans d'autres magasins du centre-ville ou des hauteurs, et encore moins les habitants des quartiers de Diar El Mahçoul ou La Concorde d' El Madania, qui n'y vont pas. Même les plus téméraires n'y vont que pour sniffer un joint ou cacher leur misère sexuelle au Bois des Arcades», soutient-on, en affirmant que ce gigantisme de prôné par certains ne semble plus avoir pignon sur rue, bien qu'une partie des manifestations d'«Alger, capitale de la culture arabe» se soient déroulées sur l'esplanade ou l'Agora, sous le regard de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, tutelle de l'OREF. La nuit, tout est fermé, à part les night-clubs et à partir d'une certaine heure, il n'est pas rare de voir des silhouettes de femmes accompagnées de malabars se faufiler dans des espaces où avaient été installés des portiques de sécurité, seule nouveauté depuis la «belle époque». Point de chute de certains, les night-clubs du niveau 104 s'allument toute la journée et voient un mouvement inverse se mettre en marche. Des jeunes au visage fatigué surgissent des entrailles du centre et vont prendre une boisson chaude chez le seul cafetier encore ouvert. Pour un temps seulement. Ces commerces sont-ils légaux ? Aucunement. L'Oref qui s'installe dans l'illégalité s'y fait. Preuve en est la convention d'occupation d'un ensemble mobilier qui lui a été soumise en janvier 2007 par les services des Domaines et qui n'a pas reçu son approbation. Cette demande fera suite à un mouvement en haut lieu exigant de soumettre cette convention à l'Office. Niet de l'OREF ! L'action accomplie, les services de l'OREF disent à qui veut entendre que les Domaines les ont mis dans une position inconfortable et qu'ils s'en dissocieront en refusant de signer le document. «La convention d'occupation de l'office a été soumise le 26 janvier 2007 à l'OREF. L'accusé de réception en fait foi. Des redevances d'occupation de ce domaine public doivent nous être reversées», assure-t-on au service des Domaines. Sauf que rien n'a été assaini depuis l'occupation de l'espace en 1983. Les délimitations de ce terrain qui se trouve entre quatre communes se sont faites en deux temps. La première en 1986 avec l'ouverture du «tchi-tchi center», avant que l'arrêté de cette année ne soit complété et modifié. On peut y lire que l'espace délimité sur la base du plan cadastral datant du 11 janvier 1995, porte l'espace à 26 ha. «Il en résulte que l'OREF qui occupe un espace domanial n'a jamais payé les redevances. Pour la seule année 2006, pas moins de 73 millions de dinars ont été calculés par les Domaines. Les redevances des années passées sont moindres, mais il n'en demeure pas moins qu'elles sont dues aux services de la wilaya», assure notre source des services des Domaines, en relevant qu'il est possible de forcer la main à l'office à travers un avis à tiers détenteur (ATD). Rien n'y fait. Les dettes, l'OREF en collectionne bon nombre depuis sa création. Déjà en 1993, pas moins de 18 milliards de centimes ont été exigés de l'office. Même l'entreprise réalisatrice a exigé ses dus. Pour un ex-président de l'institution, une banque algérienne a réclamé la ligne de crédit de 20 milliards de centimes faite au profit de l'établissement. S'y ajoutent les 14 milliards d'arriérés dont l'origine est, selon ce même directeur, des erreurs de gestion constatées par le centre des études et de recherches en informations financières. Les directeurs, qui se sont succédé à la tête de l'OREF, ont toujours assuré que la tutelle n'a jamais fait bénéficier le centre d'aucune subvention, alors que cette éventualité est prévue dans le cahier des charges annexé au décret de l'Executif du 5 février portant réaménagement des statuts de l'Office. Pour s'en tenir au contenu de l'article 20 de cette annexe, une somme doit être versée à l'OREF à une date fixe et les dotations de crédits sont arrêtées par le ministère de la Culture lors de l'élaboration du budget de fonctionnement. A en croire des sources proches de l'OREF, les recettes ont évolué en dents de scie. L'Etat a cessé depuis 1991 d'octroyer des subventions, alors qu'en 1985 quelque 33 millions de dinars ont été consentis à l'EPIC. Pis encore, plusieurs concessionnaires ne s'acquittent plus de leur loyer, en dépit de l'abattement qui leur a été fait. «Les responsables de l'OREF attendent que je sois en cessation de paiement pour que je cède cet espace.J'ai eu à payer 120 millions de centimes par échelonnement et ainsi préserver mon espace. On n'attend que le moment opportun pour accaparer mon fonds et là le vendre», relève le responsable d'une librairie à l'Office. Pour lui, les émeutiers d'octobre d'El Madania voulaient s'y introduire, n'était la vigilance des travailleurs, mais depuis cette date rien n'est vraiment comme avant.