Plusieurs concessionnaires ont déjà fermé boutique l Une cinquantaine d'entre eux sont poursuivis en justice par l'OREF qui voudrait récupérer les locaux. L'Office Ryadh El Feth (OREF) a assigné en justice des concessionnaires pour récupérer les locaux. Plus d'une cinquantaine de gérants se retrouvent dans les couloirs des tribunaux. «L'OREF a déposé plainte contre une cinquantaine de concessionnaires pour les contraindre à remettre les clefs. 150 concessionnaires ont déjà fermé. Au moins trois ont remis les clefs, car ils sont dans l'incapacité de payer ce qui leur est réclamé par la direction. L'un d'eux est devenu chauffeur de taxi», affirme Smaïl Harriti, président de l'Association des concessionnaires, affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), qui soupçonne le ministère de la Culture, tutelle de l'OREF, de vouloir «vider» le centre commercial de ses occupants et de le céder à un investisseur étranger. Les concessionnaires, qui voient leur activité péricliter à cause de la mauvaise gestion de l'OREF, ont réclamé la réactivation du droit de désistement des locaux, remis en cause par le ministère de la Culture. «Le conseil d'administration (CA) de l'OREF, du temps de Lakhdar Fellahi, avait permis aux concessionnaires de céder les locaux au profit d'une tierce personne contre le paiement à établissement du droit d'entrée représentant un mois de charges locatives multiplié par 24 mois. Des concessionnaires ont pu céder leurs locaux et l'administration déficitaire a pu avoir des rentrées d'argent conséquentes», signale M. Harriti. La décision a été gelée «verbalement» en 2010, après le passage de l'inspectrice envoyée par le ministère de la Culture pour enquêter sur des malversations au sein de cet établissement. «Le ministère de la Culture a décidé de geler, depuis 3 ans la décision, puis d'annuler carrément les contrats. L'opération, qui a permis de mettre un terme aux transactions douteuses et autres pots-de-vin, a été gelée et l'initiateur de l'opération (Lakhdar Fellahi) a été poursuivi en justice dans une affaire d'acquisition de matériel pour la somme de 900 millions dans le cadre du Panaf. Il sera innocenté», précise le concessionnaire. La situation du centre s'est dégradée à cause de l'instabilité administrative.L'OREF a eu, par la suite, deux autres intérimaires, avant l'arrivée dernièrement d'une nouvelle direction. Statuts inadéquats ? Les concessionnaires, près de 300, évoquent le changement «intempestif» des statuts sans révision des contrats liant les gérants à l'OREF. Le décret 47-95 du 5 février 1995, portant sur la gestion de l'OREF, a mis en place un EPIC en lieu et place de l'Entreprise publique économique (EPE) du début. Ce texte a abrogé toutes les décisions du premier décret 307-85 qui faisait gérer le centre directement par l'administration de tutelle. Les textes régissant l'office, transformé en établissement public économique et commercial, auraient dû être révisés. «Ni la convention, ni le cahier des charges n'ont été révisés comme stipulé dans le décret. Le premier directeur, le général Senoussi, a permis aux concessionnaires d'être propriétaires des fonds de commerce. Les baux payés en font foi. Mais sa décision a vite été annulée par son successeur. La situation a commencé, dès cette époque, à se dégrader dans ce centre, devenu un cimetière. L'Etat ne s'est pas soucié des transactions douteuses. Par exemple, comment se fait-il qu'un concessionnaire dispose, en infraction totale de la réglementation, de 6 locaux ?», s'indigne M. Harriti. L'organigramme de l'OREF ne permettrait pas, signale-t-on, la relance de l'activité dans un centre qui accueille irrégulièrement quelques événements (foires, salons, rencontres, projections). Le conseil d'administration, composé de représentants de plusieurs ministères (Culture, Défense, Moudjahidine, Artisanat, etc.), s'occupe seulement de l'administration et la dizaine de directeurs, qui se sont succédé à la tête de l'établissement, n'avaient pas les coudées franches, s'indigne-t-on. Nos tentatives d'avoir des explications de la nouvelle direction de l'OREF se sont avérées vaines. Le service de communication était aux abonnés absents.