Dans le port d'El Kala, il y a 158 petites embarcations de 4 à 5 m déclarées comme « plaisanciers ». C'est-à-dire réservées aux loisirs de la mer. A quelques exceptions près, ces embarcations sortent tous les jours de l'année, du petit matin à la tombée de la nuit. Il est vrai que le chômage fait des ravages et que nombreux sont ceux qui font de la pêche leur gagne-pain quotidien. Or, beaucoup de ces plaisanciers qui vont et viennent quotidiennement ne rapportent rien. Théoriquement, il n'est pas dans les moyens d'un chômeur, fût-il de luxe, de gaspiller quotidiennement une nourrice d'essence. Ils ne peuvent donc que s'adonner au pillage du corail comme le pense le commun des mortels. Pour tenter d'y mettre un terme, les pouvoirs publics ont pondu un texte qui encadre l'activité de la plaisance. Ne peut y prétendre dorénavant que le propriétaire en titre de l'embarcation. Il devra être muni d'un permis de conduire délivré sur la base de fiches de paie pour un salarié ou d'un extrait de rôle pour une activité indépendante. Toute infraction entraîne la saisie du bateau et des poursuites judiciaires. Cette mesure fait suite à l'opportunité qui a été offerte à ces « plaisanciers » de se mettre en conformité avec la loi de la pêche pour devenir des marins-pêcheurs à part entière et exercer en tant que tel. Toutefois, 74 embarcations viennent d'être saisies faute de régularisation dans les délais, soit plus de la moitié. Autre mesure coercitive, les embarcations doivent impérativement être armées avec les engins de pêche déclarés et les gardes-côtes qui exercent la police de la pêche peuvent à tout moment contrôler les produits pêchés. Ce tour de vis, bien entendu, n'est pas pour arranger les affaires des pilleurs de corail et les réseaux mafieux qui se sont tissés autour d'eux. Les gardes- côtes, même avec leurs défaillances, ont cependant considérablement et indéniablement gêné les pilleurs de corail et réduit leur champ d'activité. Ce corps, devenu la cible des milieux interlopes, est placé au centre d'une conjuration locale qui fait circuler des informations qui mettent en doute sa partialité dans le traitement des dossiers.