Aux deux saisons globalement connues, on serait tenté pour l'Afrique, et rien que pour elle, d'en ajouter une troisième, celle des guerres et autres coups de force. Ainsi en est-il du Tchad, où en fin de compte il est plus simple de compter les jours sans combats, tellement l'inverse est malheureusement vrai. Dans ce pays devenu riche depuis la découverte du pétrole, les parties tchadiennes reprennent une partition qu'elles connaissent bien parce qu'elles en sont les auteurs. Elle s'appelle très simplement la course vers le pouvoir. Et là, il faut bien en convenir le Tchad n'est pas isolé comme l'attestent les coups de force à Madagascar et peu auparavant en Guinée, alors que la tentation putschiste reste toujours aussi forte en Mauritanie. Cela fait un peu trop pour un continent marqué par les guerres et autres catastrophes naturelles, comme les pandémies et la sécheresse qui menacent sa population dans une large proportion. Et aussi aux pillages de toutes sortes et, depuis peu, la piraterie maritime, comme pour bien boucler la boucle des maux qui affectent l'Afrique. Au Tchad, disait-on, c'est en quelque sorte la reprise de l'offensive de l'année dernière stoppée net aux portes du palais présidentiel. Les combats, qui avaient cessé il y a exactement une année, ont repris et toujours de manière aussi foudroyante, à croire que les belligérants n'ont pas beaucoup de temps. C'est donc la saison des guerres dans ce pays, jusque-là l'un des plus pauvres de la planète et susceptible de perdre ce statut peu enviable avec l'apparition d'une nouvelle manne : le pétrole, objet de très nombreuses convoitises. Mais on dira des autres guerres qu'elles ont suivi l'indépendance du Tchad et précédé la découverte des puits de pétrole. Cela pour dire qu'il ne reste que l'exercice du pouvoir et les rivalités souvent au sein du même clan, comme celui du président Driss Deby, lui-même arrivé au pouvoir par la seule force des armes. De telles frictions sinon de larges fissures sont apparues en raison, dit-on plus simplement, de l'exercice du pouvoir, personnel et autoritaire. C'est aussi le drame de l'Afrique et la règle des coups d'Etat qui génèrent d'autres coups d'Etat pour la simple raison qu'il n'y a qu'un fauteuil présidentiel et qu'il arrive rarement, sinon jamais, que celui qui l'occupe accepte de le céder à ceux de ses compagnons qui l'y avaient porté. On y est, on y reste. Quant à la démocratie mieux vaut ne pas en parler. Il faut en effet commencer par le commencement, mais lequel au juste, puisque les mots comme la simple indignation des grandes puissances et autres organisations internationales ne sont d'aucune efficacité. A croire qu'elles le font parce que tout simplement il faut le faire. Des régimes issus de coups d'Etat ont même été destinataires d'ultimatums, mais cela n'a été d'aucune utilité, comme si ces contrées étaient bien loin des centres d'intérêt et que leurs populations ne méritaient pas plus et mieux.