Ce nouveau CD de Nassima, qui vit à Paris depuis 1994, contrainte de s'exiler comme beaucoup d'artistes et d'intellectuels algériens pour fuir la barbarie intégriste, se veut un cri d'amour pour cette Algérie nostalgique qu'elle a quittée malgré elle, mais qu'elle n'a jamais cessé d'aimer et de sublimer dans toutes ses chansons. Le CD est un cocktail d'anciennes chansons de maîtres et de nouveaux tubes dont elle a signé la musique et les textes. Dans ce nouveau produit, Nassima a tenu à prêter sa voix de diva à certains maîtres de la chanson algérienne qui ont souffert autant qu'elle de la déchirure de l'exil et en hommage au riche patrimoine musical qu'ils ont laissé aux nouvelles générations d'artistes. A commencer par le patriarche d'entre eux, cheikh El Hasnaoui, dont elle chante un de ses classiques sur l'exil ya noudjoum ellil. Dans ce nouveau Cd, elle puise abondamment son inspiration dans le registre nostalgique qui en constitue le fil conducteur. En duo avec Abdelghani Belkaïd, qui du haut de ses 90 ans garde toujours le tempo, elle chante ya hamam : (ô ma colombe ! va loin et je t'en prie transmets mon salut à l'Algérie). Dans la voix et la poésie de l'artiste transparaît une indicible souffrance d'avoir quitté le pays et les êtres chers. L'immortel et incontournable Mahboub Bati est également mis à l'honneur dans cette nouvelle production avec l'inaltérable megouani sahran qui a bercé notre jeunesse. Du même auteur-compositeur, elle reprendra un autre classique rah el ghali, un hymne au « bien-aimé qui s'en est allé emportant son amour ». D'un autre ténor, Slimane Azem, véritable encyclopédie de la chanson kabyle décédé en exil, elle interprète en duo avec le chanteur Idir une chanson tout de rythme inspirée de la même thématique : l'enfermement et la douleur de l'exil. Cette première expérience avec Idir est un véritable succès. Une parfaite symbiose et complicité dans l'interprétation entre les deux artistes. Nassima, qui n'est pas berbérophone, a interprété la chanson avec brio sans le moindre accent. Une initiative qui aurait sans doute fait chaud au cœur à Slimane Azem, lui, qui a été banni de son pays de son vivant comme dans sa mort. Dans son nouveau CD, Nassima s'est également essayée à la chanson française en interprétant magistralement une chanson dédiée au combat des femmes dont elle a écrit le texte et composé la musique, Femmes de tous les pays et de toutes les couleurs. Dans une autre chanson autobiographique, débordant d'émotion et de sensibilité : hdjart bladi (texte et musique de Nassima, arrangement P'tit Moh), Nassima chante l'Algérie de l'Emir Abdelkader et de Lalla Fatma N'soumeur. « Algérie, mon tendre cœur Terre des miens, de mes parents De mes amis, mes très chers Je suis habitée par toi ! » Avec Ma andi zella (je n'ai rien à me reprocher), Nassima chante « le réconfort vient de mon Seigneur, les jours heureux reviendront Et mon cœur en sera apaisé ». Avec Tiri tar (l'envol de mon rossignol), Nassimi chante le départ et la séparation avec l'être chéri et aimé. « Mon rossignol s'en est allé Que je me sens aussi perdue S'est envolé si haut, si loin Après tellement d'intimité ». Mais il n'y a pas que de la nostalgie et de la souffrance morale dans le nouvel album de Nassima. La fête, la joie, l'espérance y sont également fortement présents avec des chansons rythmées dont elle a signé les textes et la musique ; l' arrangement étant de P'tit Moh. Certaines d'entre elles ne manqueront pas, sans nul doute, de se hisser au hit-parade des chansons de l'été et feront le bonheur des pistes de danses lors des mariages et circoncisions. Khatten y a khatten : « C'est la fête de mon fils, c'est le jour du henné Faites des youyous les filles, c'est mon jour de fête Il est en cape blanche, en chéchia et en burnous Il grandira si Dieu le veut et se mariera ». Dans la même veine, elle chante welwlou ya bnat « Faites des youyous les filles, chante petite mére La mariée est arrivée, souhaite lui la bienvenue Chantez et dansez les filles. La mariée est arrivée ».