Habitants et usagers de certains quartiers de Mazagran souffrent le martyre depuis trop longtemps. Après plusieurs années de bricolages intermittents, le chemin qui mène vers les nouvelles extensions urbaines, qui se sont érigées au fil du temps et de l'arrivée massive et aléatoire de nouveaux propriétaires, est pratiquement entièrement goudronné. Cette nouvelle ville, située au sud-ouest de la cité antique, n'a bénéficié d'aucun plan urbanistique cohérent. Les îlots ont tout simplement été mis côte à côte sans aucun suivi, si bien que certaines ruelles donnent à ce quartier une étonnante allure de ville arabe des temps anciens, avec, en prime, des alignements incertains de cubes et de venelles. Pendant plusieurs années, le principal chantier de la commune se limitait à installer un réseau d'égout cohérent et une voie centrale qui a épousé l'ancien chemin vicinal qui mène vers Ouréah. A la grande satisfaction des usagers, ce chantier a enfin été bouclé un peu avant les pluies hivernales qui transformaient le quartier en une véritable mare. Sans doute revigorés par cette heureuse issue, les nouveaux élus se sont tournés alors vers les anciens quartiers dont les ruelles avaient été totalement livrées à la puissance des engins et à l'érosion. Par endroits, il était plus prudent de se déplacer en 4X4. La quasi-totalité du réseau routier avait été transformée en une succession de bosses et de crevasses. En dehors de la route nationale qui traverse l'ancienne cité du nord au sud, toutes les autres ruelles sont totalement défoncées. Par endroits, les pistes, qui étaient encore praticables, ont subi de lourds travaux d'excavation afin de les apprêter à recevoir un épais tapis de macadam. Ce fut de très courts moments de jubilation pour les riverains ; car, une fois la chaussée totalement défoncée, les travaux ont été arrêtés, laissant le chantier à la merci des intempéries. Et tant pis pour ces commerces jadis florissants, pour ce cabinet médical spécialisé et pour sa clientèle assidue, puisque la ruelle est devenue un véritable calvaire pour ceux obligés de l'emprunter.