De la « défense collective » à la « sécurité collective », l'Alliance atlantique (Otan) actualise son concept stratégique. La « sécurité collective », concept nouveau qui serait d'après Alberto Bin, directeur régional de la division des relations politiques et de la sécurité de l'Otan, mieux adapté à un « monde globalisé, où les risques et menaces sont multiples ». L'« insécurité globalisée » justifie amplement, selon le représentant de l'Otan, la « révision » du concept stratégique basé initialement sur la défense commune (article 5 du Traité Atlantique élaborée en 1949 ). Invité de l'Institut national des études stratégiques globales, le docteur Alberto Bin a exposé, hier à Alger lors de sa conférence sur « les nouvelles menaces à la sécurité et à la stabilité : perceptions et stratégie de l'Otan », les raisons ayant amené les 28 chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de l'Otan réunis en sommet, les 3 et 4 avril dernier à Strasbourg, à revoir les fondamentaux de l'Alliance nord Atlantique et élargir ses référents et domaines d'intervention. Terrorisme, prolifération des armes de destruction massive, Etats faillibles, sécurité énergétique, changement climatique, menaces informatiques, piraterie, etc., sont autant de « menaces » et de « défis », auxquels la nouvelle « Otan », revue et corrigée, doit désormais faire face. L'adoption du concept stratégique de sécurité collective, actuellement en phase d'élaboration, qui devrait intervenir au sommet de l'Otan à Lisbonne en 2010, rendra effectif le « droit » de l'Otan à intervenir « hors zone » Atlantique mais aussi et surtout lui conférera davantage de motifs à l'intervention qui, jusque-là, se bornait à répondre par des « représailles massives » à une menace d'ordre strictement militaire guettant un Etat membre. L'Otan supplantera-t-il l'Onu ? « Non. Nous n'avons pas vocation à remplacer l'Onu », répond Dr Bin, également responsable de l'initiative de coopération d'Istanbul (Otan-pays du Golf) et du Dialogue méditerranéen de l'Otan, auquel l'Algérie a adhéré en 2000 et bénéficie depuis peu d'un programme de coopération civile et militaire à la carte, ndlr. « Cela ne veut pas dire que l'Otan doit s'occuper de tout et partout », répond-il à la question d'un intervenant. L'Otan, à ses dires, jouera un « rôle plus actif » mais ne sera pas une « police mondiale ». « Nous n'avons pas vocation à intervenir sur tous les conflits. Nous n'intervenons que s'il y a avantage comparatif, que si nous pouvons apporter une plus value », note-t-il. D'après l'expert, il n'existe aucune incompatibilité entre l'action de l'Otan et la Charte de l'Onu, ni crise de « légitimité ». « Nous sommes 28 pays dans l'Otan , alors que l'Onu compte 180 Etats membres. Avec l'Onu, nous avons signé un accord permettant à notre organisation d'agir sous son mandat », dit-il. Un accord controversé signé, « secrètement » début octobre 2008, par le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, et le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer. L'accord en question, qui doit simplifier la « coopération dans des situations de crise comme en Afghanistan et au Kosovo », a été paraphé par le SG de l'Onu sous la pression des Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France et sans consultation préalable des Etats membres de l'Onu.