La fermeture de plus d'une dizaine de cliniques privées à travers le territoire national (Alger, Oran, Skikda, Mostaganem, Blida, Biskra et Ghardaïa) a suscité de vives réactions de la part de leurs propriétaires et des malades. Ce type d'établissement a été depuis quelques années d'un grand secours pour de nombreux malades qui n'ont pas la «chance» d'accéder aux soins dans les structures publiques pour plusieurs raisons dont les rendez-vous éloignés. Un secteur qui est aussi dépassé en termes d'infrastructures, de personnels et de moyens matériels. La décision ministérielle a touché des investissements privés engagés depuis des années et privé les malades de soins de qualité dans les différentes spécialités, notamment les parturientes, nombreuses à se rendre dans ces structures. Sur les 13 établissements hospitaliers privés, deux cliniques d'une grande envergure citées parmi les 8 plus importantes dans la chirurgie cardiaque en Algérie ont été frappées d'interdiction d'activité durant un mois. Majoritairement, ces fermetures sont motivées par la «non-conformité» au cahier des charges. «La fermeture de certaines cliniques a été faite à titre symbolique pour une durée très limitée, à cause de déviations enregistrées», a déclaré Amar Tou, la semaine dernière à la presse en marge des travaux de l'Assemblée populaire nationale (APN). Le ministre a également affirmé que «si les déviations sont corrigées, toutes ces cliniques seront rouvertes», ajoutant qu'il compte sur «la bonne foi» des propriétaires de ces cliniques pour «corriger ce qui a été relevé», en affirmant que «les responsables qui ne respectent pas les lois seront sanctionnés» n'excluant pas d'aller vers leur fermeture définitive «en cas d'inobservance des lois». Comment peut-on décider d'un arrêt immédiat d'une activité aussi particulière que l'activité médicale du jour au lendemain sans penser aux malades pour qui des soins ont été engagés ou ceux qui sont déjà hospitalisés ? Pour certains observateurs, la décision prise par Amar Tou à l'encontre des cliniques privées est purement politique et les seules victimes de ces agissements sont bien sûr les malades. La clinique les Rosiers de Blida a été la première à avoir reçu la notification de la décision de fermeture le 23 avril dernier. Cela fait plus d'un mois. Selon le gérant de cette clinique, le Dr Ouis, le motif de cette décision est à ce jour inconnu. La décision du ministère et celle de la direction de la santé de la wilaya, arrivées le même jour, ne précisent aucune irrégularité par rapport à son établissement. «Nous avons exécuté la décision, mais nous n'avons pas été informés des motifs motivant cette fermeture», nous a déclaré Dr Ouis avant de signaler que son établissement est en conformité avec toutes les dispositions légales et réglementaires. «Nous avons tous les documents pour le prouver», a-t-il ajouté. Le mois d'après, c'est-à-dire le mois de mai dernier, c'est la clinique de Bologhine qui en fait les frais avec toutes les autres : El Djazaira à Alger, Errazi et Okba Ibnou Nafaâ à Biskra, etc. Le Dr Mokrani, le gérant de la clinique de Bologhine, ne comprend pas pourquoi sa clinique reste encore fermée, alors que les griefs qui lui ont été reprochés ont été corrigés. «Cette fermeture a causé beaucoup de tort à notre établissement. C'est un grand préjudice surtout lorsque des rumeurs circulent sur la qualité des soins, l'hygiène des lieux, etc. Les griefs retenus sont purement d'ordre administratif. Le ministère exige la transmission de la liste nominative des personnels travaillant au sein de l'établissement, la conformité des registres des sorties et des entrées des malades et la conformité des protocoles opératoires. Nous avons corrigé toutes ces questions et une requête a été remise à la tutelle depuis dix jours, mais rien n'a été fait. Est-ce que ce sont ces points-là qui mettent la vie des malades en danger ?», s'est-il interrogé. Cette fermeture a affecté tout le personnel sur le plan moral et matériel. «Désormais, 25 familles sont privées d'un revenu», dit-il désemparé. En termes de rentabilité, le Dr Mokrani affirme que sa clinique spécialisée dans la gynécologie obstétrique, chirurgie générale, urologie et ORL enregistre près de 600 accouchements par an en dehors des autres interventions chirurgicales. A noter que l'ensemble de ces structures touchées par la sanction ministérielle sont spécialisées pour la plupart dans la chirurgie générale, chirurgie cardiaque, ORL, gynécologie obstétrique et ophtalmologie. Si elles comptabilisent pour elles seules 3000 lits, comme cela a été dit par Amar Tou au forum de l'ENTV, «elles représentent en termes de rentabilité l'équivalent de près de 62 000 lits» dans le public, commente un médecin.