Le conflit opposant les hospitalo-universitaires aux deux ministres de tutelle, la Santé et la Population et l'Enseignement supérieur, pourrait connaître une issue heureuse prochainement. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, accusé par les grévistes d'être à l'origine du pourrissement, a décidé enfin de débloquer la situation. Selon des sources sûres, il a réuni, jeudi dernier, les premiers responsables des départements de la santé et de l'enseignement supérieur pour débattre des préoccupations de ce corps. Ouyahia a donné finalement le feu vert pour le versement de la rétribution liée aux activités de la santé, qui leur a été concédée, par les deux ministères le 8 janvier 2009, et ce, en échange du gel de leur mouvement de grève qui avait débuté en décembre 2008. En l'absence d'« une volonté politique », cette prime n'a pas été appliquée cinq mois après la signature du PV scellant l'accord entre les deux parties. Jeudi dernier, à l'issue de la rencontre qui l'a réuni avec Ahmed Ouyahia, le ministre de la Santé, Saïd Barkat, a convoqué les responsables des deux syndicats des professeurs, docents et maîtres assistants pour les tenir informés de la décision du Premier ministre. Ainsi, il en ressort que les enseignants hospitalo-universitaires vont percevoir leur rétribution avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2009. Cette rémunération est considérée par les professionnels de la santé comme étant un acquis arraché après plusieurs mois de lutte et de protestation. Toutefois, les syndicalistes n'envisagent pas de renoncer à leur combat qui portera dorénavant sur des objectifs plus importants pour leur profession. « Cette indemnité, majorée de 15 000 à 24 000 DA, est un acquis, mais elle ne constitue nullement un argument suffisant pour la démobilisation », ont déclaré hier les enseignants hospitalo-universitaires affiliés aux deux syndicats. Ces derniers tiendront demain une assemblée générale en présence des représentants de la tutelle pour décider de la suite à donner à leur mouvement de débrayage et annuler probablement les actions à venir. « Si les syndicalistes décident de la suspension de la grève et du boycott des examens et concours, cela ne se fera pas avant d'avoir des garanties palpables des représentants de la tutelle », a souligné le Pr Djidjli porte-parole du syndicat. Pour rappel, au début de l'année, les deux syndicats ont entamé une grève pour revendiquer la révision de la grille des salaires et l'ouverture d'un débat sur le régime indemnitaire. Craignant que le mouvement ne prenne des proportions importantes, les ministres de tutelle ont proposé une rétribution et promis l'élaboration d'un décret exécutif portant justement sur l'octroi de cette indemnité liée aux activités de santé des hospitalo-universitaires. Les syndicats ont accepté « ces miettes » et opté pour le gel de la grève en accordant un délai supplémentaire au ministère de la Santé pour mettre en œuvre ses engagements. Jusqu'à la semaine écoulée, ledit décret n'a pas été déposé auprès de la direction générale de la Fonction publique et les hospitalo-universitaires n'ont jamais touché « un sou » de plus, d'où la contestation et le boycott des examens et concours. Avec l'intervention du Premier ministre, les syndicats vont probablement surseoir à leur mouvement de grève. Les étudiants en médecine ne peuvent qu'applaudir, car ils étaient les premières victimes de ce conflit. Le spectre d'une année blanche semble écarté.